Très intéressante lettre de Marchand à Binger sur l’exploration des territoires Baoulé.
Jean-Baptiste Marchand (Thoissey, 1863/1934)Magnifique lettre échangée entre ces deux grands explorateurs de l’Afrique Noire, dans laquelle Marchand détaille ses découvertes géographiques dans la région des territoires Baoulé, en actuelle Côte d’Ivoire. « Je suis arrivé ici hier et j’en repars demain pour Ouossou 24 Km nord […]. La question de la rivière N’Ji, Agniby ou Isy est tranchée – elle se jette dans le Bandama presque en face d’Abouatié village sur la rive gauche du fleuve à 8 km au nord de Thiassalé. Elle s’appelle successivement N’Ji vers Wasaradougou et Yébouébo (votre Abouaou), N’Zi dans son cours moyen, Zini (du nom du village N’Ziano) à son embouchure ; elle est navigable pour les pirogues dans sa vallée moyenne. La rivière Agniby (du nom de ce village) qui s’embouche dans la lagune de Gd Bassam près de Dabou, prend ses sources un peu plus au Nord Est de Thiassalé ». Il délimite ainsi la province du Baoulé dans un vaste triangle renversé. « La grande trouvaille de la mission est la limite nord de la forêt dense à Singonobo à 3 Km de Thiassalé par une bonne route, à 93 km à vol d’oiseau de la côte ; le Bandama étant navigable pour des vapeurs, en août et septembre, jusqu’à Thiassalé, il s’en suit qu’en partant de Lahou à 4h du matin pendant ces mois là, on peut arriver au Soudan à 7h du soir. Vous voyez que j’avais raison d’espérer trouver la forêt, dans la vallée du Bandama bien moins épaisse que dans celles des Comoé et du Cavally ; cette anomalie est assez bizarre, elle ne peut s’expliquer que par une altitude supérieure du territoire Baouléen et qui entrainerait l’inavigabilité du Bandama […]. Le Baoulé forme donc un immense rentrant découvert en plein cœur de la forêt équatoriale du golfe de Guinée ; lui seul est dans ce cas […] ». Il évoque ensuite longuement la manière dont il envisage le développement de l’activité commerciale avec cette partie intérieure du Soudan, les liens qu’il a noués avec les chefs du pays ; il tente de le convaincre de développer le pays suivant l’axe de la route du Bandama, ce dont Binger n’est pas convaincu. « Cette route là, c’est celle du Bandama ; et l’emplacement de la capitale : Lahou au milieu de la Côte d’Ivoire, au débouché de la route centrale, entre les deux routes extrêmes du Comoé et du Cavally. Si cette certitude faisait pour moi le plus petit doute, je ne me permettrai pas de plaider avec tant de chaleur une cause qui au fond ne peut que m’être bien indifférente mais que je soutiens comme un devoir envers vous le premier des explorateurs, notre initiateur colonial […] ».
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