Johann Albrecht Portner salue l’hommage d’Henri de Valois au père Pétau
Johann Albrecht Portner (Theuern, 1628/1687)Rare lettre de l'érudit allemand Johann Albrecht Portner à Henry de Valois, évoquant la mort du père Pétau, survenue le 11 décembre 1652. Ecrite en latin, dont voici la traduction : "Votre cadeau m'a fait plaisir. Votre lettre m'a été très agréable. L'un était le fait de l'érudition, l'autre celui de la bienveillance. Vous vous êtes montré du même coup généreux et bon. Certes les Mânes de l'homme illustre dont vous avez célébré la mémoire, méritaient - après la récente disparition de Rigault - de ne pas rester sans un chantre de ses mérites envers la postérité. Cette charge vous a incombé par le choix de la Sagesse elle-même. Car depuis que vous avez fait ce grand éloge funè-bre de Pierre Dupuy, les Muses ont voulu que leur coryphée n'ait à l'avenir d'autre héraut. Notre époque admire leur jugement, l'avenir le vénèrera. Ceux qui sont nés trop tard ou trop loin pour pouvoir avoir sous les yeux l'excellence de ses vertus, devront à votre travail, à votre exactitude, d'avoir ces exemples à imiter. Il agit pour l'Humanité celui qui dispense équitablement l'honneur sur les bonnes actions et l'opprobre sur les mauvaises. ... Le discours par lequel vous avez l'éloge du P. Pétau (un grand homme, salué par tous les érudits) montre bien que vous vous êtes acquitté envers ce mort au-delà de ce qu'il vous a confié de son vivant. Car il vous a donné ce que vous étiez ca-pable de lui rendre. Mais ce que vous lui avez accordé ne peut plus être compensé de sa part. Aussi dans l'oubli de lui-même et de nous, jouissant d'un repos consolateur au milieu des Anges il vous a légué un immense trésor, l'association à sa gloire et en a rendu la postérité redevable, au point que on ne peut désormais se souvenir de Pétau sans Valois, ni de Valois sans Pétau.
La promesse d'amitié et d'affection que vous me faites provient de votre humanité et je serai en compétition avec vous sur ce terrain pour remporter cette seule victoire sur vous. [...] Chez nous la littérature est muette et Mars sonnant la trompette guerrière, elle reste sans paroles. Je ne compte pour rien le discours pour le Roi Ferdinand et je mets de côté le Chronostichon qui seul est digne de vos oreilles. O puissent avec la paix, les arts de la paix nous revenir ! et que la paresse ne cor-rompe plus la République et les études. Mais par nature les remèdes à l'infirmité humaine sont trop lents. Votre gloire propre est d'avoir conservé intact l'honneur de la science au milieu des guerres même civiles. Je prie Dieu qu'elle soit éternelle. Je vous souhaite, illustre Valois, une pleine santé, une gloire et un esprit en pleine force, à vous qui mettez chaque jour davantage votre soin et votre application à élever des monuments pour la postérité. Adieu et aimez-moi, persuadé de mon atta-chement envers vous."
Il salue égalkement son frère Adrien.
Vendu