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REF: 10872

Pierre-François Chifflet tente de réunir les fonds pour publier sa Dijon Chétienne.

Pierre-François Chifflet (Besançon, 1592/1682)
Jésuite français, il entra dans la Compagnie de Jésus en 1609. À partir de 1624, il collabora avec Héribert Rosweyde et la Société des Bollandistes. Il fut attaché au collège de Dijon de 1645 à 1675, année où Colbert l'appela à Paris et lui confia la garde du médaillier du roi.

Type de document : lettre autographe signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 1 p. 1/2 - Format : In-4

Lieu : Dijon

Date : 03/02/1666

Destinataire : Adrien de Valois (1607/1692), historiographe et poète.

Etat : bon

Description :

Rare et intéressante lettre de Pierre-François Chifflet, d'une écriture dense, sur son ouvrage sur Dijon (Divio Christiana) qui, faute d'argent (6000 livres), ne verra jamais le jour.
"Depuis que je vous escrivis pour la seconde fois par Mr d'Hérouval, touchant nostre Dijon Chrestienne, j'ay receu vostre responce à ma 1ere lettre, avec plusieurs bons advis que je prise beaucoup, comme venans de vostre bienveillance, et de vostre érudition. Toutefois je vous diray premièrement, que tout le monde tient pardeça pour féminins Divio, Vesontio, comme Avenio, Arausio : et que si nous les faisions masculins, on crieroit contre nous comme contre des extravagans et amateurs de nouveautez. Aussi n'ay je veu aucune reigle qui porte le contraire : que s'il en failloit establir quelcune qui fust fondée sur l'usage des doctes, il semble qu'elle debvroit porter que les noms des villes terminez en o, après une consonante, sont masculins, comme Narbo, Hippo, Barcino &c. ; mais que ceux qui auroient un o après une voyelle seroient féminins comme Avenio, Divio &c.
2. J'appelle Dijon, Christianæ Burgundiæ caput, non à cause du Parlement, qui est moderne, et ambulatoire ad nutum Principis ; mais d'autant que Dijon a esté le siège des anciens Ducs, depuis le Roy Robert, qui acquit Dijon de Lambert evesque de Lengres : depuis lequel temps les Ducs y firent leur résidence : et comme c'estoit auparavant la résidence des Comtes de Dijon, comme celle des Ducs à Auxerre, le Duc Robert, fils du Roy Robert, unit en sa personne la Comté de Dijon avec la Duché de Bourgongne, establissant à Dijon son siège ducal : d'où il est arrivé que quelques Ducs de Bourgongne ont esté nommez Duces Divionenses, aussi bien que Duces Burgundiæ : comme autrefois les Comtes de Champagne se nommoient encore Comtes de Troyes, où ils faisoient leur résidence.
3. Pour ce qui est de la chronologie de S. Martin, et de nos Roys, je n'ay garde de prendre la route du P. Henschenius, laquelle j'ay hautement désapprouvée dez qu'elle a paru. Je n'en dis rien qui ne soit solidement fondé en l'antiquité : et je pense que je ne m'éloigneray guière de ce que vous en avez escrit.
Nostre Dijon Chrestienne doibt passer devant, si elle ne manque de viatique. Je n'ay garde de m'addresser à ceux que vous me nommez, qui me sont inconneus. La somme de six mille livres est nécessaire pour tous les fraiz de cette édition : vous en pouvez juger vous-mesme par la grosseur du volume. Il est bien vray que faisant tous les frays de l'impression, tous les exemplaires m'en demeureroient, pour en faire part aux amys, et encore pour les échanger contre d'autres livres, au profit de nos bibliothèques. Si je la pouvois imprimer sans argent, je ne demanderois rien à personne : et ce n'est point le profit qui me gouverne en cette affaire. Si quelque libraire de Paris veut faire imprimer icy à ses fraiz ma Dijon Chrestienne, il en retirera tous les exemplaires : et je demanderay seulement 500 escus pour les copies et les planches que j'ay fait faire, et pour essuyer les emprunts que j'ay fait pour cela mesme. Je me suis addressé à vous, me confiant en vostre amitié, dont j'avois des tesmoignages suffisans, mais à Dieu ne plaise que je veuille vous prier d'une chose qui fust à vostre préjudice : ce seroit m'esloigner par trop de l'affection que j'ay pour le bien de vos affaires, et pour vostre contentement ; d'autant que je suis de cœur et d'affection, Monsieur, vostre très humble et très obéissant serviteur en Nostre Seigneur"

[Adrien de Valois n'avait pas répondu favorablement à sa sollicitation financière. Ceci aigrit peut-être leurs relations car dans l'ouvrage suivant : "Bedae Presbyteri et Fredegarii scholastici concordia ad senioris Dagoberti definiendam monarchiae periodum, atque ad primae totius regum Francorum stirpis chronologiam stabiliendam. Paris, Gabriel Martin, 1681", il publia une dissertation contre Adrien de Valois qui dans le XVIIe livre de son Histoire de France dit que Dagobert Ier était mort en 638, au lieu de 639].

Adresse au dos.

Vendu