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Rare lettre littéraire du marquis de Sade, sur sa pièce Tancrède

Donatien Alphonse François de Sade (Paris, 1740/1814)
Écrivain sulfureux, auteur de Justine.

Type de document : lettre autographe

Nb documents : 1 - Nb pages : 2 pp. - Format : In-12

Lieu : [Paris, prison de la Bastille]

Date : 1781 (selon Pauvert) mais plus probablement datée du printemps 1784

Destinataire : Madame de Sade

Etat : Bon

Description :

Très belle lettre de Sade, dans laquelle il reproche à sa femme de ne pas venir lui rendre visite. Il lui communique ensuite les modifications à apporter au texte de sa pièce de théâtre Tancrède :

"Il me paraît quoique vous en disiez que votre empressement a me venir voir n’est pas très grand. Voilà huit jours que tout est libre et que les chemins sont superbes et pourtant vous ne vous pressez guères. Vous avez la permission qui peut donc vous arrêter à présent ? Est-ce que nous ne sommes pas encore au jour du Signal. Allons il faut donc attendre le jour du signal. Obtiens de me voir seule comme tu m’as permis de le demander et tu verras que je te ferai un signal infiniment plus spirituel que tous ceux du conciliabule de la présidente.

Envoiye moi je-t-en prie les cahiers blancs demandés. Un de 600 pages ; et un de cent, tous deux brochés comme ceux de mes Comédies, et tout margés. Voici le temps ou je ne puis absolument rien passer. Et surtout n'oublie pas la gentillesse d'aporter bien des commissions males faites et ridicules dont tu ne diras pas un mot à la visite et qui me seront remises dès que tu auras le dos tourné. Oui je t'en prie n'oublie pas cela, la [?] est incroyablement lumineuse.

Voila une pièce d'estomac que je renvoiye. Si tu fais copier cette drogue que je t'ai envoyé il y a un mois ; voici trois fautes essentielles à corriger indépendamment de celles qu'ambler [l'abbé Amblet] avait pu trouver.

Comment se porte-t-il Amblet mande moi de ses nouvelles.

Faute dans Tancrède

Dans le programme en prose qui précède les premiers vers a sept ou huit ligne du commencement. Il faut mettre après le mot occupe toute la droite.

" le Jourdain coule au de la de la vallée dans toute l'étendue du fond, et vient serpenter par derrièrre les murs de la ville. De ce coté ci de la vallée &c"

Voila comme il faut rétablir cette phrase ce qui suppose quelqu'effacures que tu feras je t'en prie. Vers le milieu de ce morceau de prose après les mots - et ses premiers rayons se font apercevoir. Il faut mettre ; " la méditeranné dans le lointain de gauche que l'on n'avait point encor vu &c" et effacer tout ce qui ne forme pas la phrase ainsi. Dans les vers.

Au couplet de Tancrède ou il y a trois mots rongés. Il faut mettre ces noeuds quand ils sont purs au lieu de ces feux.

Quand il donne à ses ecuiyers ses ordres pour le mausolée ; il faut qu'il dise Sous les tristes contours au lieu de Sous les heureux contours. Toutes les fautes sont conséquentes quoique minutieuses."

Sa pièce de théâtre Tancrède, également connue sous le nom de La Mort de Clorinde, fut éditée par J.J. Pauvret (Le Théâtre de Sade, 1970).

« Son Tancrède, également désigné par lui comme une « scène lyrique », en porte témoignage, mais aussi la lettre à l'abbé Amblet dans laquelle Sade défend pied à pied l'ouvrage et le genre, neuf, dont il relève : "Tous les opéras sans doute sont composés de plusieurs scènes lyriques formant des actes ; il n'en est pas moins vrai qu'on est convenu de donner ce nom à un petit drame soit en prose, soit en vers, composé d'un ou deux personnages, dont le dialogue récité, et non chanté, est coupé par des ritournelles. On les appelle aussi mélo-drames". Et contre l'hostilité de « M. de La Harpe qui s'oppose étroitement à la nouveauté », il en vient à invoquer explicitement l'exemple rousseauiste : « Je sais qu'on exécute Esther et Athalie sans musique, mais je sais aussi qu’on exécute la scène lyrique de Pygmalion, de Rousseau, avec de la très belle et très bonne musique, et ce petit ouvrage-ci [Tancrède] devrait être dans ce genre-là, et y sera j’espère un jour » (XII, 438-9). Vingt ans plus tard, à Charenton, Sade retravailla encore ce Tancrède ; ajoutant un couplet « prophétique » à la gloire de Bonaparte. » (Philippe Roger, Rousseau selon Sade, ou Jean-Jacques travesti, 1991, p. 393).

 

Encre brune sur double feuillet de papier vergé filigrané. Adresse sur la quatrième page.

Vendu