Auguste de Saint-Hilaire rend un long hommage à son ami Augustin Dutour de Salvert
Auguste de Saint-Hilaire (Orléans, 1779/1853)Émouvante lettre d'Auguste de Saint-Hilaire relative à la mort de son beau-frère, ami et confrère, Augustin Dutour de Salvert. Il y raconte la naissance de leur passion commune pour la botanique durant l'adolescence, qui deviendra leur métier.
Saint-Hilaire rédige un long texte sur la vie de Salvert, destiné à documenter un « Éloge de M. de Salvert », qui sera prononcé peu de temps après, à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand, par un certain Le Camus [?].
"[...] Le tendre attachement qui m'unissoit à lui me fait un devoir de vous en témoigner ma reconnaissance, et je m'empresse de répondre au désir de M. de B. en vous disant quelque chose des études botaniques de celui que nous regrettons. - C'est en 1796, lorsqu'il n'avoit environ que 15 ans que M. de S. vint pour la première fois à Orléans, et que commença notre amitié. Nous étions à la campagne. L'idée nous vint d'étudier les insectes ; nous nous procurâmes l'Histoire des ins. des environs de Paris par Geoffroy, et nous nous mîmes à rassembler les coléoptères des bords du Loiret, à les déterminer et à les classer. Nous formâmes en peu de tems une collection assez nombreuse [...]. Nous commençâmes en 1804, à nous occuper de botanique. Notre seul dessein était de donner un but à nos promenades de charmer nos loisirs. Etudiant sans maître, nous rencontrions sans cesse des difficultés [...]. Il évoque ses herbiers, ses voyages : "Dans un voyage que je fis à Paris, je me présentais chez M. Antoine Laurent de Jussieu qui m'accueillit avance la plus touchante bienveillance, et me fit aimer davantage encore, la science que vous cultivions, M. de S. et moi, avec tant d'ardeur [...]", et ses oeuvres Histoire des pistils et des fruits des plantes de la France, Mémoire sur la germination de la Capucine et le développement de son embryon, son mémoire sur le Cucurbitacés et les Nandhirobées, etc, et les dessins que Salvert fit pour elles.
Augustin Amable Dutour de Salvert (1781-1838) et Auguste de Saint-Hilaire furent de grands amis, confrères et collaborateurs. Ils étaient également de la même famille : ce dernier était le frère de sa femme. Lors de son dernier voyagea au Brésil de 1816 à 1822, Saint-Hilaire découvrit une race de leurs flanches en grappes et la nomma, comme il l'évoque dans ce courrier, « Salvertia convallariodora », en hommage à son grand ami "j'en fis le sujet d'un mémoire que j'envoyais en 1818 de Rio de Janeiro à Paris et qui fut imprimé dans les Mémoires du Muséum [...]". Il termine son courrier en expliquant avoir apporté à Salvert, sur son lit de mort, les mêmes plantes qu'ils observaient étant jeunes.
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