Louise Michel s’accuse « ne me confondez pas avec ceux qui pérorent et n’agissent pas »
Louise Michel (Vroncourt, 1830/1905)Belle lettre militante de Louise Michel, en soutien aux ambulancières de Montmartre et à son amie Béatrix Euvrie :
"[...] Dans le cas où Beatrix Euvrie arrêtée le 26 juin à Montmartre (après avoir été une première fois reconnue innocente et mise en liberté) présentement au dépôt de la préfecture cellule 3 ; mais qu'on va sans doute envoyer ici. Serait accusée de s'être occupée d'ambulances. Je certifie à la justice militaire pour elle et pour d'autres ambulancières du 18e arrondissement que c'est moi qui depuis le 4 septembre jusqu'au jour de l'entrée de l'armée de Versailles les ai engagées à s'occuper d'ambulances, d'asiles de travail, 1 cherchant à établir des ambulances volantes peu coûteuses mais donnant aux blessés les 1ers soins qui les sauvent souvent. Ces dames ne se sont occupées que d'envoyer linge ou médicaments
2 établissant a peu de frais des asiles où les petits enfants étaient nourris et habillés.
3 établissant entre les travailleurs et ceux qui ont besoin de faire travailler, des rapports directs qui suppriment les entrepreneurs.
Je certifie de plus que Béatrix Euvrie n'a jamais suivi les bataillons fédérés et ne s'occupait que du linge des ambulances ou autres choses de ce genre comme une foule d'autres dames. Enfin elle avait été une première fois reconnue innocente et mise en liberté, Mme Jules Simon s'intéresse à elle, c'est en venant de la remercier qu'elle a été arrêtée de nouveau sur une dénonciation. Je déclare donc que les accusations portées contre plusieurs femmes de Montmartre comme ambulancières doivent plutôt être imputées à moi qui ai tout commencé. Il m'en arrivera ce qu'on voudra mais chaque fois que j'ai crié en avant j'ai passé la première et je revendiquerai aussi bien la part d'accusation qui m'appartient, que je prenais la place d'un mort quand je disais certaines positions tenables. Faites de moi tout ce que vous voudrez mais ne me confondez pas avec ceux qui pérorent et n'agissent pas. Je vous le répète celle qui comme moi ont agi vous le diront [...]".
En septembre 1870, après la chute du Second Empire, Louise Michel avait participé au Comité de vigilance des citoyennes du 18e arrondissement de Paris dont elle était présidente. Elle fit alors partie de l'aile révolutionnaire la plus radicale aux côtés des anarchistes et voulait poursuivre l'offensive à Versailles, pour dissoudre le gouvernement d'Adolphe Thiers. Sa grande ami Julia Béatrix Excoffon, née Euvrie (en 1849) fut aussi une héroïne de la Commune. Responsable d’une ambulance mobile, elle n’hésita pas à traverser les lignes versaillaises pour porter secours aux combattants du fort d’Issy. Lors de la semaine sanglante, elle était sur les barricades pour soigner les blessés. Finalement capturée, elle fut incarcérée à Satory avec d’autres femmes, comme Louise Michel, qui la protégera. Condamnée à la déportation, sa peine sera commuée à dix ans de détention.
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