Belle lettre de La Fayette sur la convocation les états généraux
Gilbert La Fayette (du Motier, marquis de) (Chavaniac, 1757/1834)Importante lettre de La Fayette, rédigée à la charnière d'un des plus grands bouleversements de l'histoire de France, 20 août 1788, juste après l'annonce de la convocation des états généraux :
"Tu as bien raison, mon cher ami, de penser que les états généraux sont le grand objet national, et que toutes les autres querelles doivent être regardées comme bien secondaire. Je me rejouïssois de cette heureuse perspective, et je repetois sans cesse qu’il falloit preparer avec calme une bonne tenüe, et ce pour le vrai patriotisme des esprits de parti ou de corps, lorque la demie banqueroute qu'on vient de faire est venue détruire le bon effet de l’autre arrêt du conseil, à mettre tout le monde au desespoire ; quels raisonnements seront entendus par des gens qui perdent leur diner ou leur souper, et qui disent avec raison que les etats generaux donnés six mois plutôt auraient [?] les engagements publics ? la seule consolation qu’on trouve dans cette affreux malheur est que les états généraux seront nécessairement convoquès pour le mois de janvier ; c’est déjà beaucoup que de rester encore quatre mois et demie sans justice, et en situation de banqueroute. Mais j’espère que l’assemblée nationale apportera le remède à nos maux, [...] et que les vrais intérets du roy, et ceux de la nation seront rétablis par les représentants d’un si bel empire, qui peut [...] faire la loi dans toute l’europe, tandis que nous ne recevons à présent que des humiliations. Je n'irai pas cette année aux camps, et si l'on a pas d'argent, je ne conçois guerre pourquoi l'on renunit les troupes la seule année ou elles auraient du ?separé par une nouvelle instruction. Il semble que le sort ait décidé que je ne servirois jamais qu'à la guerre, car à présent que tout le monde est niché[?] je ne vois que la guerre ou une ? qui puisse me donner une place. Il n'y a pas de nouvelles ici : la consternation est générale ; on ne sait pas que les dauphinois consentent à recevoir les états qu'on leur propose avant les états généraux. Les 54 ? sont décidés à une conduite très modérée, mais d'après leurs instructions, ne peuvent pas s'en retourner. Bonjour mon ami, je t'embrasse de tout mon coeur."
Le 8 août 1789, un arrêt du conseil du Roi fixait la réunion des États généraux le 1er mai 1789. Quelques jours plus tard, le 16 août, la banqueroute financière de l’État fut proclamée.
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