Précieux brouillon d’une lettre de Rousseau à Voltaire.
Jean-Jacques Rousseau (Genève, 1712/1778)Rarissime brouillon autographe de Jean-Jacques Rousseau, portant deux paragraphes manuscrits relatifs au vide, aux habitants de Saturne et à la place de l'Homme dans l'univers. 6 et 9 lignes, ratures et corrections.
Extraordinaire brouillon fragmentaire de Rousseau, d'une lettre destinée à Voltaire, relative à l'air, au vide et aux populations extraterrestres.
"l'horreur du vuide n'a-t-elle pas longtems expliqué la plus part des effets qu'on a depuis attribués à l'action de l'air. D'autres expériences ont enfin détruit l'horreur du vuide et le vuide même ["pourquoi d'autres calculs observations ne pourraient elles pas détruire et enfin le vuide même" passage biffé] on l'a rétabli sur de nouveaux calculs qui me répondra qu'un sistème encore plus exact ne le détruira pas ["encore" biffé] derechef".
Au verso, il a écrit : " je crois ["qu'un homme vaut mieux" biffé] j'espère valoir mieux aux yeux de Dieu que la terre d'une planète, même si les planètes sont habitées comme il est probable, pourquoi vaudrois-je mieux à ses yeux que tous les habitans de Saturne. On a beau tourner ces idées en ridicule, il est certain que toutes les analogies sont pour cette population et il n'y a que l'orgueil humain qui soit contre. ["Et alors" biffé] Or cette population supposée la conservation de l'univers semble ["prendre" biffé] avoir pour Dieu même une moralité qui se multiplie par le nombre des mondes habités".
Le texte définitif de cette lettre adressée à Voltaire se trouve dans les Oeuvres complètes de Rousseau (Paris, 1839, Lettre à M. de Voltaire, tome VII, Correspondance I, pp. 142 à 156).
Mention manuscrite d'Amélie Streckeisen-Moultou, petite fille de Paul Moultou, confirmant l'authentification de l'écriture : "Je certifie que ces quelques lignes ont été écrites par J. J. Rousseau, A. Moultou".
Paul Moultou (1731-1787), gentilhomme protestant né à Montpellier et élevé à Genève, fut un proche de Jean-Jacques Rousseau, des Necker et de Voltaire. Pasteur et Ministre de l'Évangile en 1754, c'est cette même année qu'il rencontra Rousseau. Ils lièrent par la suite une amitié indéfectible. Moultou recevra une partie des manuscrits inédits de Rousseau et en éditera certains dont celui des Confessions. Son arrière petite fille, Amélie Streckeisen-Moultou (1797-1882) en fera don de ce patrimoine extraordinaire à la bibliothèque de Genève (tout comme elle le fera avec le manuscrit du Contrat social, celui des Leçons de Musique, la Profession de foi du vicaire savoyard, l’Oraison funèbre du Duc d’Orléans, etc.)
Voltaire, malade, ne répondit à ce courrier que bien plus tard, le 12 septembre 1756.
Références :
-Francis de Crue, L'Ami de Rousseau et des Necker, Paul Moultou à Paris en 1778, Paris, 1926.
-Jean-Daniel Candaux, Affaires et gens d'affaires : les papiers Moultou aux archives de Lausanne et de Genève, Revue historique vaudoise, 1985.
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