Le Clézio parle de Borges et Gombrowicz à Chapsal
Jean-Marie Gustave Le Clézio (Nice, 1940/0)Ensemble quatre lettres et cartes de Le Clézio, adressées à la romancière Madeleine Chapsal, soit deux cartes et une lettre autographes signées et un lettre dactylographiée signée. Deux enveloppes conservées.
Belle correspondance évoquant en particulier l'admiration de Le Clézio pour deux importants écrivains du XXe siècle : Jorge Luis Borges (1899/1986) et Witold Gombrowicz (1904/1969).
Le Clézio remercie Chapsal de l’envoi de livres de Brosse, Borges et Gombrowicz : « J’ai surtout lu le livre de Borges avec grand plaisir. Certains textes sont de véritables petits chefs d’œuvre d’humour noir. Et c’est évidemment écrit avec un telle maîtrise que cela vous décourage d’essayer d’en faire autant (Et tout est en effet dans le 'plût au Ciel que je fusse né mort'…). Le livre de Brosse est aussi intéressant, par la relation avec Bachelard, mais je préfère l’Inventaire des Sens. J’ai un peu feuilleté Gombrowicz, en attendant de le lire avec soin un de ces jours. Nous ne sommes pas encore allés lui rendre visite : c’est toujours dangereux d’aller voir quelqu’un qui écrit un Journal ; et dont l’esprit est si mordant. Mais nous irons […] ».
Un mois plus tard, après sa visite à Gombrowicz (qui vivait près de chez lui), Le Clézio s’excuse de n’avoir pu passer voir Madeleine Chapsal plus tôt, mais sa femme était en Pologne « et moi-même, je m’étais retiré sur les hauteurs afin de pouvoir travailler au frais. Nous allons d’ailleurs repartir immédiatement pour une promenade en Italie qui durera environ jusqu’au 15 (septembre). J’ai lu avec plaisir le résultat de notre discussion dans l’Express. C’était très bien. J’ai même eu quelques échos du public, notamment de la part d’un représentant de commerce de Paris, en vacances dans la région, qui, m’ayant reconnu, m’a demandé "si c’était vrai ce que disait le journal, que je n’aimais pas du tout marcher" ! Vos articles sont très suivis. J’ai été très intéressé par la rencontre avec Gombrowicz. C’est un homme d’une grande culture et d’une grande… jeunesse. Avec ce qu’il faut de cynisme pour permettre de deviner l’homme sensible. Lui, d’après ce qu’il m’a dit, m’a trouvé puritain, parce que je lui ai demandé à boire un verre d’eau […] ».
Une courte carte est écrite de Bangkok :"Amical souvenir du militaire JMG Le Clézio en Thaïlande (et bonne année…)". Avec adresse autographe en regard.
Une autre écrite pour la nouvelle année au dos d’une représentation de la Femme à l’ombrelle de Manet : "Selon l’usage (qui a ceci d’intéressant qu’il nous invite à prendre connaissance des chefs d’œuvres de la peinture tout en réconfortant notre mauvaise conscience épistolière (et il n’y a pas de banalité !), je souhaite vous revoir en 1969 ! [...]".
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