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Proudhon et la « race Bonaparte »

Pierre Joseph Proudhon (Besançon, 1809/1865)
Penseur, théoricien socialiste, révolutionnaire.

Type de document : lettre autographe signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 2 pp. - Format : Grand in-8

Lieu : Paris

Date : 14 août 1853

Destinataire : Marc-Lucien Boutteville

Etat : Pliures avec quelques restauration, petites fragilités

Description :

Belle lettre de Pierre-Joseph Proudhon, adressée à Marc-Lucien Boutteville. Ratures et corrections.

En 1853, le beau-père de Proudhon, M. Piegard, fut arrêté, accusé d'être membre de la Ligue fédérale, groupe de légitimistes qui complotait contre l'Empire.

"Mon cher Bouteille [sic], avez-vous lu les Débats et la Gazette des Tribunaux du 12 ct ; le Droit et le Journal des Faits du 13 ?

Vous y aurez vu comment mon beau-père Piegard, impliqué dans le complot dit de Vincennes ou de la Ligue fédérale, a été condamné, sur la minute saisie chez lui et écrite de ma main d'une demande de secours au comte de Chambord, à deux ans de prison. Vous y aurez vu en même temps comment le pauvre vieux a été trainé dans la boue, traité de mouchard et d’escroc.

Comme bien vous pensez, mon nom a fait les frais de tout l'incident ; et, en fin de compte, c'est moi qui suis ici le bourreau de mon père. On a puni en lui toute une famille d'ennemis acharnés de la race Bonaparte.

J'ai une réponse à faire : elle est écrasante ; malheureusement elle est d'une publication à peu près impossible. Je la rédigerai, cependant, pour vous et pour tous nos amis ; vous la communiquerez aux journalistes républicains, Nefftzer, de la Presse, Dumont, de l'Estafette, Jourdan, du Siècle. Vous déciderez avec eux si, après le silence de la plupart des journaux sur le scandale qu'on a essayé de soulever contre moi, il convient de publier cette réponse, [ou] s’il faut la réserver pour un temps plus libre...

Je vous serai obligé en attendant, mon cher ami, de voir aujourd'hui Darimon, dans votre promenade ; et de le prévenir de tout ce scandale, qui me laisse la conscience bien tranquille, mais qui m'étouffe de rage en voyant la justification interdite.

Je passerai ma journée de travail ; j’ai besoin d’être un peu seul.

Croyez, mon cher ami, que malgré le coup qui me frappe, dans ma famille d'adoption, et, le procureur impérial se l’est imaginé du moins, jusqu’à certain point dans mon honorabilité, je jouis intérieurement de ce malheur, qui vient constater si à propos la pauvreté de ma vie, le désintéressement de mon mariage (on m'accusait d’être riche du côté de ma femme), et surtout l'horreur profonde et mal dissimulée, que m’inspire la tyrannie impériale ancienne et nouvelle. Je vous serre la main [...]".

Proudhon ajoute un post-scriptum dans lequel il donne des nouvelles de sa famille "Ma femme a fait la récolte des ses abricots : elle vous en envoie six, et en garde autant à Mme Darimond. Marcelle vient à l'instant même de faire seule et sans appui son premier pas !".

Marc-Lucien Boutteville (1808-1870), professeur agrégé d'allemand, enseigna à Nantes, puis à Paris. Il fut également traducteur et éditeur scientifique. Collaborateur de Pierre-Joseph Proudhon, il sera son exécuteur testamentaire.

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