Correspondance du fils de Buffon durant son voyage auprès de Catherine II en Russie
Georges Louis Marie Leclerc de Buffon (fils) (Montbard, 1764/1794)Type de document : lettres autographes signées
Nb documents : 5 - Nb pages : 16 pp. - Format : In-4
Lieu : Francfort, Saxe Gotha, Saint-Pétersbourg et Montbard
Date : 1782-[1783]
Destinataire : Pierre Guillebert
Etat : Quelques pliures et petites taches
Correspondance composée de 5 lettres autographes signées (une paraphée) de Georges Louis Marie Leclerc de Buffon, adressée à son précepteur, l'avocat François-Pierre Guillebert.
Suite à l'invitation de Catherine II Russie, fervente admiratrice de l'esprit français, l'impératrice avait proposé au célèbre naturaliste Buffon de venir la rencontrer en Russie ; néanmoins celui-ci, âgé de 74 ans et pris par ses occupations, avait répondu à cette faveur en envoyant son propre fils.
Ainsi Buffon fils fut chargé d'apporter à Saint-Pétersbourg le buste de son père, réalisé en marbre, par Jean-Antoine Houdon.
Formé pour prendre la succession de son père au Jardin du roi, G.L.M. Leclerc de Buffon (1764-1794) n'emprunta pas ce chemin et devint militaire. Nommé gouverneur de Montbard, puis maire, il fut décapité sur l'échafaud.
-Francfort, 5 mai [1782] : «[...] Je suis très content, c'est-à-dire autant que je peux l'être éloigné de mon père et de vous [...]. Je suis parti de Strasbourg le 2 mai et je suis arrivé à Francfort le 5 au matin [...]. Je connoissois déjà la ville, ainsi je ne fais que passer. Adieu mon ami. Je vous aime de tout mon coeur et j'espère trouver de vos lettres à Berlin. Je ne me suis pas arrêté à Calsrou [Karlsruhe] mais je m'arrêterai à Gotha. Adieu tranquillisez vous de Gotha je vous en écrirait davantage et surtout tachez de ne pas penser aux cruels dix mois auxquels je songe sans cesse. Adieu je vous aime plus que vous même ne pouvez l'imaginer et le croire [...] ».
-Saxe Gotha, 10 mai 1782 : « [...] Je suis dans deux heures présenté au duc [Ernest II de Saxe-Gotha] qui m'attend avec la plus grande impatience parce qu'il sait que j'ai beaucoup vu chez houdon la belle diane qu'il lui a fait faire et que vous avez vu avec moi. Comme il n'en a encore entendu parler qu'imparfaitement et qu'il n'en a que le plâtre, il désire d'en avoir des nouvelles plus positives c'est pourquoi il vient de me faire prier à diner avec lui. [...] je n'ai pas acheté de malle à Strasbourg, que la mienne va très bien et que le buste va aussi à merveille. Je me porte parfaitement bien et il ne me manque qu'une seule chose c'est la présence de mon père et de vous... ».
-Saint-Pétersbourg, 16 octobre 1782 : «... [J'ai] vu avec plaisir qu'il étoit décidé que vous travailleriez dans les bureaux de M. de Serilly [Antoine Jean-François Mégret de Sérilly (1746-1794), maître des requêtes et trésorier général de l'extraordinaire des guerres] [...] Je ne vois point du tout que l'éloignement des bureaux vous oblige à quitter le petit trou que vous habitez au Jardin du Roy [...] L'éloignement est une mauvaise excuse et je ne vous pardonnerois pas de quitter la maison de mon père [...] Le grand-duc n'arrive pas encore et ce n'est qu'à mon départ que je saurai si j'irai à Paris ou à Montbard [...] ». Il évoque ensuite "ces chiens de fermiers-généraux".
–[Saint-Pétersbourg, 1782]: « [...] à propos vous me demandez une bien drôle de nouvelle on marie donc enfin une fille a qui depuis 4 ans on donne 18 ans et quel est le sot qui avec 200 mille livres de rente peut épouser je dirois presque une [?] comme cela sans fortune. C'est un homme de fortune ou un sot ou un fou il ny a pas de milieu. Au reste je suis bien aise qu'elle ai tiré son épingle du jeu. [...] J'ai ici 4 domestiques, 6 chevaux, un cocher et deux postillons, toujours la bourse bien garnie, considéré et bien accueilli de tout le monde. Trouvez vous ma position assez agréable. je n'en désirerois pas d'autre si vous et mon père étiez ici. [...] Pétersbourg est fort agréable, la société est sur le même ton qu'à paris et on s'amuse ici parfaitement bien [...] mais il ne faut point manquer d'argent [...]».
-[Montbard, 1783] : « [...] Mon père me donne douze mille six cents livres de rente pour moi uniquement six chevaux deux gardes chasse a cheval a Montbard. [...] Je suis reçu aujourd'hui gouverneur de Montbard. Par là j'ai toute la police, la maréchaussée, la justice, tout est à mes ordres [...]».
Ledit buste se trouve toujours exposé au musée de l'ermitage.
Vendu