Étonnants courriers de Michel Cournot à Madeleine Chapsal
Michel Cournot (Paris, 1922/2007)Ensemble de trois longues lettres autographes dont deux signées de Michel Cournot, adressée à Madeleine Chapsal.
Beaux, enfantins et excentriques courriers.
-Étonnante critique d'un livre de Chapsal : "Ton livre était là hier soir et je l'ai lu cette nuit. Je le déteste, ou toi peut-être. Parce que tu n'aurais pas dû permettre qu'il soit imprimé sans égard aucun pour les yeux, pour l'acte de lire, de te lire. Ce que tu avais écrit se trouve là si entassé, si écrasé, qu'il n'y a plus de respiration, de liberté, de la lecture. Pour lire ce que tu disais, j'aurais voulu faire de moi ce que je voulais, aussi. Mais les yeux, avec ton livre, sont comme deux prisonniers liés à une planche, et page par page on leur balance des plâtrées de purée de pois cassés froide. Je sais que les gens s'en moquent, mais ils ne savent pas qu'ils ont trompés, qu'ils n'ont pas été à même de te lire vraiment. J'ai toujours aimé ton écriture, autant que ta nuque, tes épaules, ta démarche, tout. Mais avec ce livre je suis privé de ton écriture, par cette faute des imprimeurs, et il ne me reste que ces choses que tu racontes, auxquelles je comprends peu de choses parce que tu ne me donnes pas la présence sensible de ces hommes, et je ne peux pas imaginer où et quand tout cela t'arrive [...]". Il raconte avec poésie ses sensations la premières fois qu'il l'a vue.
-Cournot explique, désolé, que Nella [Bielski, son épouse] se porte très mal. Elle réclame Madeleine Chapsal "comme une bouée, un souvenir de bouée". Il ne sait plus comment s'y prendre et lui demande son aide "elle a évidement fini par prendre en haine toutes les attentions que j'ai pour elle, je glisse de plus en plus vers l'abdication de tout".
-Michel Cournot s'étonne de ne pas trouver dans la liste des livres en lice pour le Prix Femina, l'ouvrage d'Alain Veinstein. Il compare la dimension de cet ouvrage à celles de "Monsieur Teste" [de Paul Valéry], du "Château" [de Franz Kafka], ou des "Cahiers de Malte Laurids Brigge" [de Rainer Maria Rilke]. Il annonce ensuite que sa femme a fait une nouvelle tentative de suicide, suite au refus par les éditeurs d'une de ses livres.
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