Léopold Sédar Senghor fait l’éloge du métissage
Léopold Sédar Senghor (Joal, 1906/2001)Beau courrier de Léopold Sédar Senghor, relatif au métissage culturel et biologique :
"Cher élève. Si je vous appelle ainsi -cela vous aura sans doute fait sourire-, c'est que je suis professeur de mon métier. Plus exactement, pendant deux ans, j'ai enseigné, au Lycée Descartes de Tours, puis au Lycée Marcelin Berthelot de Saint-Maur-des-Fossés, le Français, le latin, le grec. Ensuite, pendant deux ans, j'ai enseigné à Paris, prés précisément à l'École nationale de la France d'Outre-Mer, trois langues négro-africaines dérivées de l'ancien Egyptien, dont ma langue maternelle, le Sévère.
Pour revenir à votre question, dans mon poème dont vous citez un verset, je fais allusion à la couleur de la peau de ma belle. Celle-ci est une jeune fille métisse, une mulâtresse, dont la couleur de la peau est "d'un beau rouge doré". Pour aller jusqu'au bout de ma pensée, les plus beaux hommes, surtout les plus belles jeunes filles ne sont pas de race pure : elles sont métissées [...]". Il évoque ensuite ses études à Paris et les cours d'anthropologie qu'il suivait au musée de l'Homme, donnés par Paul Rivet "le fondateur précisément du Musée de l'Homme, fut le premier au monde, je crois, à enseigner les vertus du métissage biologique et culturel". Senghor cite ensuite son maitre : "C'est ici, autour de la Méditerranée, que sont nées les premières et plus grandes civilisations humaines par un double métissage, biologique et culturel, entre les Africains, les Européens et les Asiatiques ou, si vous préférez, entre les Noirs, les Blancs et les Jaunes. Et de commencer par la civilisation égyptienne, qui a inventé le premier alphabet avec la première écriture, sans oublier les mathématiques [...]". Il promet d'envoyer un exemplaire de "Ce que je crois" où il développe sa pensée.
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