Belle lettre de Jules Romains sur la coopérative des auteurs dramatiques et Cromedeyre le vieil
Jules Romains (Saint-Julien-Chapteuil, 1885/1972)Belle lettre de Jules Romains, adressée à un confrère, au sujet de divergences au sein de la Coopérative des auteurs dramatiques, dirigée par Rodolphe Darzens, de la programmation des pièces, et notamment de celle de Romains, en cinq actes : Cromedeyre le vieil.
"[...] Il ne m’est pas possible, à mon grand regret, de laisser ma pièce à la Coopérative. Il est essentiel pour moi, et pour des éditeurs avec qui j’ai des engagements précis et anciens, que Cromedeyre soit joué cet hiver. Mieux vaudrait qu’il ne le fût point du tout, que de demeurer à la merci des hasards et des changements de programme. Tant que, sur la foi des décisions adoptées, j’ai cru que la pièce passerait au début de cette année, je n’ai point songé à la reprendre. Mais l’arbitraire, au moins apparent, qui semble présider à la succession de mes spectacles m’a donné des inquiétudes. Si je m’étais formé dès le début une idée plus exacte de la façon dont serait conduite l’entreprise, des moyens matériels dont elle disposait, de l’esprit qui l’anime, j’aurais certes eu le même plaisir à en faire partie, mais j’aurais réservé à la Coopérative une autre pièce que Cromedeyre. Voilà tout. Ce n’est pas très grave, comme vous voyez, et M. Darzens a tort de s’émouvoir de ce que j’ai dit le concernant. J’ai simplement voulu noter que les quelques paroles que nous avons échangées lui et moi au sujet de ma pièce m’ont donné la certitude qu’il n’attribuait à cette œuvre ni importance, ni possibilité de succès. Mais ne croyez point que j’aie mis la moindre amertume dans cette constatation. Je ne suis pas assez sot pour cela. Je vis tous les jours au milieu de gens qui n’attachent aucune importance à des choses beaucoup plus considérables, et je ne suis plus assez jeune pour prendre ça au tragique [...]". Il réitère sa proposition et aimerait une réponse : rester dans la coopérative avec deux parts seulement et sans prétention a être joué.
Une Coopérative d’auteurs dramatiques se forma pendant la Grande guerre, sous la direction de Rodolphe Darzens entre 1919 et 1920. François de Curel, Jules Romains, Lucien Descaves, Saint-Georges de Bouhelier, Henri-René Lenormand, qui en étaient les principaux membres, assurèrent la programmation théâtrale de cette coopérative.
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