Longue lettre du marquis de Sade à son oncle, l’Abbé de Sade
Donatien Alphonse François de Sade (Paris, 1740/1814)Longue lettre de D.A.F., marquis de Sade, adressée à son oncle, l’Abbé de Sade.
Sade, accablé de 4000 francs de dettes que sa belle-mère, la présidente Marie Madeleine de Montreuil, ne veut plus payer, a trouvé d’autres bonnes âmes pour l’aider. Il attend désespérément des papiers de son oncle pour pouvoir partir.
"Je vois bien, mon cher oncle, que vous ne me refusez mes papiers que pour me faire trainer en longueur et me faire rester ici. Il est donc nécessaire que je vous explique les raisons indispensables qui m'empêchent de souscrire à ce que l'on pourait désirer sur cela [...]. Mme de Montreuil m'a déclaré positivement ne vouloir pas payer. J'ai trouvé des gens plus honnêtes qui par amitié pour moi veulent bien se prêter à l'arrangement de mes affaires et engagent tout pour me tirer d'embarras. Ce n'est plus je crois qu'à ceux là que je dois tous les sentiments d'amitié, de reconnaissance et de soumission dont mon coeur est capable. Il ne m'est pas possible d'ailleurs de partir d'ici sans Me de St Pré. C'est elle qui me ramène, et sans elle je courrerais risque de faire la route à crédit [...]. La menace de Me de Montreuil m’efraye peu. Il est un âge ou l’on ne les craint plus. D’ailleurs j’ai la tête trop vive pour que ce soit jamais là la façon de me prendre. Elle me fera jetter le manche après la cognée […]. Elle doit encore se trouver bien heureuse de m’avoir pour gendre, et le malheur de voir fait un aussi mauvais mariage que celui qu’on m’a fait faire s’il me donne le droit de faire quelque sottise et assure en moins bien certainement l’excuse […]".
Vendu