Le marquis de Coulanges assiste à l’agonie du Pape Alexandre VIII : « La gangrène est à sa jambe »
Philippe-Emmanuel de Coulanges (Paris, 1633/1716)Longue lettre de Philippe-Emmanuel de Coulanges, au président de Lamoignon, écrite de Rome, évoquant les derniers instants du Pape Alexandre VIII (qui décèdera 2 jours plus tard, le 1er février 1691). Coulanges et Lamoignon étaient tout-deux amis de la marquise de Sévigné.
"Voilà donc nostre Saint Père qui tire pays, et qui laisse à son successeur l'honneur de nous donner des bulles. La gangrène est à sa jambe et une bonne fluxion luy est tombée cette nuit sur la poictrine, envoyés nous vittement tous messieurs les cardinaux et bonne compagnie pour nous consoler de voir nostre retour aux calendes grecques [...]". Il évoque l'opinion du duc de Chaulnes et du cardinal Toussaint de Forbin-Janson à son égard, et dénonce les usages d'Alexandre VIII "qui n'a songé qu'à enrichir sa famille" et a fait preuve d'une "sordide avarice" durant son pontificat. "Dieu veuille que les trésors de l'Eglise tombent dans de meilleures mains [...]. Il a fait pour l'embellissement d'une fontaine qui n'en avoit aucun besoin, environ pour cent escus de despense et voilà le seul endroit où ses armes paroistront dans Rome pour luy reprocher à jamais sa sordide avarice. Ses neveux montreront bien quelque mortification, mais ils se moqueront de nous, car ils ont nostre argent. Leur insolence estoit devenue insupportable pour moy, je fesois comme Mardochée, je ne les saluois plus". Il vient de dîner chez le cardinal de Forbin-Janson et ils ont bu à sa santé. Il répond à sa lettre, évoque des amis communs, félicite Lamoignon pour la naissance de son troisième fils [Armand de Lamoignon, né le le
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