Epreuve corrigée par André Breton du manifeste anticolonialiste : « Liberté est un mot vietnamien »
André Breton (Tinchebray, 1896/1966)Rare épreuve corrigée du manifeste surréaliste anticolonialiste "Liberté est un mot vietnamien", contre la guerre en Indochine, en 1947.
"Liberté est un mot vietnamien. Y a-t-il une guerre en Indochine ? On s'en douterait à peine ; les journaux de la France “ libre ”, soumis plus que jamais à la consigne, font le silence. Ils publient timidement des résumés militaires victorieux mais embarrassés. Pour réconforter les familles, on assure que les soldats sont “ économisés ” (les banquiers se trahissent par le style des communiqués). Pas un mot de la féroce répression exercée là-bas au nom de la Démocratie. Tout est fait pour cacher aux Français un scandale dont le monde entier s'émeut [...]". Ce cri fut signé par 25 membres du Surréalisme.
En pied, André Breton a inscrit de sa propre main, au feutre noir, les noms des signataires suivant, dont le sien, à l'emplacement où ils devront être imprimés définitivement : "[Adolphe] Acker - [Maurice] Bonnefoy - Breton - [Jacques] Brunius - [Marcelle] Ferry - [Marcel] Jean - [Maurice] Henry - [Pierre] Mabille - [Henri] Parisot - [Henri] Pastoureau - [Benjamin] Péret - [Iaroslav] Serpan - [Yves] Tanguy etc."
La rédaction de ce tract fut confiée à Yves Bonnefoy et fut revue par Breton et Mabille. Ils pointent du doigt la position des « élus de la classe ouvrière » qui participent au gouvernement de Paul Ramadier mais ne lui votent pas les crédits nécessaires pour renforcer le corps expéditionnaire français en Indochine. Les surréalistes soutiennent les rebellions vietnamiennes contre l’agression impérialiste et "incarnent en ce moment même, le devenir de la liberté".
Vendu