Passionnante lettre d’exil de Ribeyrolles à Victor Schoelcher sur l’abolition de l’esclavage
Charles Ribeyrolles (Aynac, 1811/1860)Passionnante lettre d'exil de l'écrivain républicain Charles Ribeyrolles, frère d'exil de Victor Hugo, adressée à Victor Schoelcher, peu après que celui-ci ait fait voter l'abolition de l'esclavage en France.
Il donne des nouvelles de ses compagnons d'arme, Baltier, Landolphe... "Etienne Arago a dû vous écrire, dans la semaine, et vous donner les explications que vous me demandiez, explications relatives aux besoins exacts et nécessités sérieuses des réfugiés représentants ; il est donc inutile que je vous en donne une seconde édition et que j'aligne, ici, de nouveau, ce budget des pauvres".
Il revient sur de l'abolition de l'esclavage "J'ai vu avec un vif chagrin, que la passion politique avait invalidé votre élection de la Guadeloupe. Il est évident pour moi que la majorité de l'assemblée a voulu frapper en vous, l'émancipation des nègres et provoquer de nouvelles élections qui seront ensanglantées, ce qui donnera prétexte à la réaction pour demander contre les colonies un système exceptionnel, sinon pour y relever les anciens us. J'espère bien, connaissant votre caractère, que vous ne vous laisserez pas décourager et que vous soutiendrez jusqu'au bout la lutte contre ces tanneurs de peau noire qui sont justiciables de toutes les vengeances, y compris celle du couteau. Mon pauvre Schoelcher, où diable allons-nous ? La Sainte Ampoule et le Bénitiez voilà les parfums qu'on prépare à la République française ! [...] Je ne crois pas, pourtant, que la partie soit perdue, car l'armée du vieux monde s'étendant jusqu'à la ligne des jésuites et les blancs s'étant démasqués, le siècle nouveau sera bientôt debout, agitant ses torches, ses épées et ses philosophies [...]".
Ribeyrolles a le coeur malade "grâce à l'atmosphère de Londres, ce suaire de plomb". Il va se remettre au travail, évoque La Montagne et le Club des rêves, le procès de Versailles conduit par Guinard et s'amuse du sort de ses amis exilés comme lui : "Ledru-Rollin se repose, en traduisant les lois anglaises, Etienne Arago s'embête comme un Olifour a perdu ses ?, Louis Blanc continue l'oeuvre du Luxembourg dans une grande d'Oxford et Martin Bernard becquète les exercices linguistique de Mr Robertson [...]".
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