Juliette Drouet folle d’inquiétude après une nuit d’angoisse sans Victor Hugo
Juliette Drouet (Fougères, 1806/1883)Lettre très tourmentée de Juliette Drouet à Victor Hugo, après l'avoir attendu en vain toute la nuit.
« Il ne t’est rien arrivé ni à personne chez toi j’espère mon bien aimé : cependant je ne peux pas m'empêcher de me tourmenter de ne t'avoir pas vu cette nuit, car ordinairement tu me fais pressentir quand tu ne dois pas venir. Je m'étais endormie en t'attendant mais à une heure du matin, je me suis éveillée et tout le reste de ma nuit s'est passée dans une inquiète agitation. Ce matin je suis fatiguée et triste. S'il faut que je ne te voie pas d'ici à ce soir, je ne sais pas ce que je deviendrai : je ne sais même pas si je dois aller te chercher à quelle heure et à quel endroit ? Pourvu que tu ne sois pas malade ou quelqu’un d’estime. Je ne serai pas tranquille tant que je ne t’aurai pas vu. Je voudrais pourtant te sourire pour te montrer mon courage et ma résignation mais l’inquiétude me fige tout cela au coin de la bouche et je me sens prise d’envie de pleurer. Je me dis bien que tu auras été retenu par ton travail très avant dans la nuit et que tu auras eu le féroce scrupule de ne pas vouloir me réveiller, mais tout cela ne me rassure pas assez pour faire, comme on dit : bonne mine à mauvais jeu. J’espère encore que tu viendras me rassurer et me donner rendez-vous pour tantôt avant d’aller à la chambre. Et puis, il faut que tu baignes tes pauvres chers yeux que tu négliges trop depuis quelques temps. Je t'attends, je te désire, je t'espère et je t'aime. Juliette ».
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