Saint-Evremond raille Ninon de Lenclos et pleure Hortence Mancini
Charles de Saint-Evremond (Saint-Denys-le-Gast, 1610/1703)Belle lettre de Saint-Evremond écrite après la mort de son amie et protectrice, Hortense Mancini, duchesse de Mazarin (décédée le 2 juillet), et sur Ninon de Lenclos.
"La declaration entiere des debtes de Madame Masarin ne peut servir de rien qu'à augmenter le nombre des creanciers. La maison a eté estimée deux mille huit cent pieces, tout ce quelle avoit de meubles n'en vaut que six cent, il y a pres de six mille pieces de debtes légitimes et beaucoup de suposées [...] cest un miracle que Madame Masarin ait pu subsister aussi honorablement qu'elle a fait. Vous ne scauries croire lestime quon avoit pour elle, je ne dis pas en Angleterre seulement, mais dans toutes les nations. Si elle vivoit & quelle allat a Romme je croi quelle feroit un pape". Il évoque la rente qui lui est versée "de six mois en six mois. La demie année est escheue le 1er doctobre dernier. Sur onze années et demie Madame la Marechalle a donné cinc cent ecus à Monsieur le duc de Lauzun, il sera aisé de scavoir ce que vous m'aves fait tenir". Il a une proposition à faire : « Comme jai besoin dargent je donnerai la moitié de ce qui m'est du pour avoir lautre argent comptant avec la demie année echeue, le traitant devant avoir lautre qui echera le premier d'avril si je ne me trompe [...]".
Il demande des nouvelles de Ninon de Lenclos, "qui ma ecrit une letre qui feroit honte a tous les academiciens sans en excepter un seul. Je n'en ai jamais eüe une meilleure ; & ce qui men plait, cest quil y a un naturel qui feroit autant de honte a la jeunesse, que lexactitude & la justesse en pourroit faire a Messieurs de l'academie [...]".
Lettre reproduite (et commentée par Florence Delay) dans L'Académie française de 1635 à nos jours au fil des lettres (pp. 84 à 87).
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