L’historien champenois Pierre-Jean Grosley découvre sa passion des livres
Pierre-Jean Grosley (Troyes, 1718/1785)Belle et rare lettre du jeune Grosley venu faire son droit à Paris, découvrant sa passion des livres.
Il disserte avec humour sur le cheminement de sa lettre arrivée tachée de gras dans la poche d’un « honnête marmiton », puis évoque sa vie à Paris. « J’ay changé, pendant le voyage de votre lettre, de condition et de climat. Je veux dire que j’ay quitté Mr Hua et le Chatelet pour entrer au parlement chez un fort brave homme qui s’appelle Poultier, et demeurant rue Quinquempoix. Là je suis 4e et dernier clerc avec un très grand apétit que, je crois, le changement de climat a redoublé. Quand j’étais clerc au Châtelet, j’alois quelques fois bouquiniser sur les quays ; et j’ay pensé plus d’une fois à vous ; surtout quand je trouvois des Fernand Mendez Pinto ; mais comme vous savez […] je ne sçay si en bouquinant je ne feray pas quelque deshonneur à l’illustre corps dont j’ay l’honneur d’être membre subalterne. Je me consulteray là-dessus, et votre lettre a fait déjà tomber plus des trois quarts de mes scrupules […] ». Il évoque ensuite les livres qu’il achète et qu’il lui cède, dont un Molière « acheté 40 s. », conseille un ami qui se lance « dans le genre satirique » mais dont il juge la route difficile et bien dangereuse. Et conclut : « je vous prie de ne me pas qualifier d’étudiant en droit parce que je n’y travaille qu’à l’insu de mon bourgeois ; qualifiez moy à la bonne heure d’étudiant en chicanne ».
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