Très belles lettres de Charles-Claude Genest à la précieuse Madeleine de Scudéry
Charles-Claude Genest (Paris, 1639/1719)Deux longues lettres du poète et auteur dramatique, académicien, Charles-Claude Genest, adressées à Madeleine de Scudéry.
Belles et longues lettres littéraires à l’une des plus célèbres précieuses, évoquant son entrée à l’académie et lui donnant des nouvelles de la Cour.
Il a reçu « l'aimable madrigal » de Mlle de Scudéry : « Le madrigal suivi de toute l'approbation dont il est une marque si glorieuse, m'oblige a mille actions de graces, et rien ne me touche davantage que de me voir ainsi uni avec l'illustre Acante [Paul Pellisson]. Et si j'ay gagné encore quelque part nouvelle en l'honneur de vostre bienveillance, cest la le succes le plus avantageux de mon discours, et je ne pourrai jamais repondre dignement a ces aimables vers que par des hymnes des odes, et des Poëmes entiers ». Après avoir démenti la nouvelle de la mort de la duchesse de Brunswick qui a eu une apoplexie, Genest relate les fiançailles de Mademoiselle [Elisabeth-Charlotte d'Orléans, fille de Monsieur et de la Palatine, avec le duc de Lorraine Léopold] : « Mademoiselle a esté fiancée ce soir sur les six heures dans le Cabinet du Roy [...] Mr le Duc d'Elbeuf l'épousera demain au nom du duc de Lorraine [...] Cette Princesse est très aimable, a l'esprit tres bien fait et le meilleur cœur du monde. Elle a déjà beaucoup pleuré de quitter sa famille, ou elle est si aimée. Il y a ce soir une musique nouvelle dans la Salle de la Comedie où le Roy sera avec le Roy et la Reine d'Angleterre». Relation de la vie de la Cour à Fontainebleau : « Les appartemens la Comedie la chasse regnent comme les autres fois. Le Roy mange avec leurs majestés Britanniques [...] C'est une grande table en croissant et il y a dix sept couverts […] ». Puis Genest parle de son discours de réception à l'Académie Française (il avait été élu le 23 août et reçu le 27 septembre) : « J'attens de Paris des exemplaires de mon discours je donnerai ordre qu'on vous en envoye […] ».
Seconde lettre. « Vostre galant madrigal, Mademoiselle doit estre receu avec un hommage par[ticuli]er de chacun de vos amis, quoyquil soit pour tous egalement. Il doit avoir le mesme effet qu'une lettre circulaire d'un grand Monarque pour laquelle chacun de ceux a qui elle est envoyée a la mesme deference que si elle estoit pour luy seul. [...] ma foible prose ne meritoit point d'estre contée parmi ces jolis vers qui ont celebré vostre feste. Je fais des voeux tres ardens pour vostre santé, quoyqu'on ne s'appercoive point qu'elle puisse changer, quand on void les inalterables preuves de vostre Esprit. Je puis vous repondre pour Monsieur de Meaux [Bossuet] quil auroit receu vostre compliment avec les sentimens qui vous sont dûs. Je le lui garde a son retour. […] Le Roy est à Trianon depuis Jeudi. Le Roy et la Reine d'Angleterre y souperent. Il devoit y avoir musiqueet illumination sur le canal mais comme cela se trouvoit au jour de la mort de la Reine [anniversaire de la mort de Marie-Thérèse d'Autriche, le 30 juillet 1683] on ne fit rien ». Genest annonce la mort du petit-fils du duc de La Rochefoucauld, de M. de Mirepoix... Il annonce l'envoi « d'une espèce d'impromptu ou je me suis trouvé indispensablement engagé. Il y avoit tres longtemps que je n'avois fait de vers. Et je m'aplique a des choses tout-opposées […] ».
Provenance : ancienne collection Louis Monmerqué.
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