Correspondance amoureuse de René Julliard à Anne Seghers durant l’Occupation
René Julliard (Genève, 1900/1962)Étonnante correspondance amoureuse de René Julliard à la femme de Pierre Seghers, en pleine Occupation : « Je voudrais être un homme sain et sûr de soi – fort de son cœur – pour vous aider à cesser ce jeu de casse-pipes… Mais moi, je ne suis pas digne, parce que c’est vrai, je suis blessé – je ne saigne plus mais la cicatrice brûle encore - et j’ai peur devant le combat – peur pour vous, cet adversaire qu’il me faudrait faire souffrir (si nous acceptons la lutte), et que je ne veux pas faire souffrir. Les armes, Anne, ne sont pas égales. J’ai ma cuirasse de douleurs et quelle que soit la force de cette attirance, si je souffre, ce sera plus mais pas différemment… alors qu’importe un peu plus ou un peu moins […]. Je repars dimanche déjà et reviendrai le huit (vous pouvez m’écrire (personnel !) 33 rue de Naples à Paris. Les dispositions nouvelles font que je rentre à Paris. Je ne laisserai à Vichy que ma revue et y viendrai 8 jours par mois. Et pourra-t-on voyager ? Alors Avignon ? Dieu fera […]. Et ma vie se complique encore avec ce retour à Paris, ces embêtements à Vichy, ces difficultés qui s’accroissent partout (employés qui partent, imprimeurs arrêtés, transports suspendus). Alors, pour l’essentiel, comment trouver le temps de l’absence ? Comment aller à Avignon ? […] Je n’attends rien mais j’espère tout […] ».
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