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Intéressante lettre de Simone Veil sur le procès de Maurice Papon

Simone Veil (Nice, 1927/2017)
Résistante et femme politique française.

Type de document : lettre dactylographiée signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 2 pp. - Format : In-4

Lieu : Paris

Date : 23 octobre 1997

Destinataire : Gérard Leman

Etat : Bon

Description :

Simone Veil s'exprime au sujet du procès de Maurice Papon.

"Vous m'avez récemment écrit pour me demander, estimant qu'il s'agit là d'une "précision importante", si tout le monde jusqu'au niveau le plus élevé de l'État, pouvait ignorer le passé de Maurice Papon.

Je ne suis pas suffisamment naïve pour croire que vous ne lisez pas les journaux dans lesquels de nombreuses explications ont été données sur les conditions dans lesquelles Maurice Papon était directement passé de l'Administration de Vichy à celle mise en place à la Libération. Vous avez peut-être lu les attendus du jury d'honneur constitué à sa demande en 1981, estimant qu'il avait dû démissionner de ses fonctions de Secrétaire Général de la Préfecture de la Gironde en 1942. C'est d'ailleurs le sens du récent témoignage de Monsieur Messmer devant la Cour de Bordeaux, alors qu'il était cité par la défense.

Vous ne pouvez ignorer que de nombreux fonctionnaires qui avaient collaboré ont été maintenus en place à la libération, faute de preuves précises à leur encontre et parce qu'on ne pouvait remplacer tous les fonctionnaires qui avaient apportés leur soutien à la politique de Vichy.

S'agissant de Maurice Papon, c'est la découverte en 1981 de documents faisant état de son attitude sous l'occupation, qui est à l'origine des plaintes déposées contre l'intéressé pour crime contre l'humanité. La Cour d'Assises de Bordeaux aura donc à se prononcer sur le fait de savoir si l'intéressé n'a fait que son devoir de fonctionnaire obéissant ou si, comme d'autres confrontés au même dilemme, ont su soit refuser d'obéir, soit démissionner.

Si le Général de Gaulle a pu considérer que Maurice Papon avait rendu des services à la France sans pour autant lui porter une "grande estime", la politique a des critères qui différent de ceux de la morale, et même du droit. À l'issue du procès, c'est à la Cour d'Assises qu'il appartiendra de dire le droit, et, à chacun d'entre nous, de porter notre propre jugement moral [...]".

Papier à en-tête "Simone Veil".

1200,00

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