Longue lettre du marquis de Sade à Gaufridy : « Coupez-moi les C….. si vous n’êtes pas content »
Donatien Alphonse François de Sade (Paris, 1740/1814)Longue lettre de Sade, signée deux fois, mêlant plaintes et ordres, pour l'administration de ses biens.
Il dresse une dizaine de réclamations.
"1. Je ne sais plus mon cher Charles de quelle langue se servir pour me faire entendre à vous, je vais isoler les articles pour que vous les compreniez mieux. Il n'y a absolument rien qui doive vous donner de l'humeur dans l'injonction. Si c'est le mot qui vous fâche rayez le et mettez à la place celui de prière à un ami [...]. Cette injonction est indispensable, elle est nécessaire, par les événements présents et futurs, elle l'est par les circonstances, au nom de Dieu, qu'elle ne vous fâche pas [...]. Il faut que l'injonction ait lieu dans toute sa force et teneur; il le faut, il le faut, il le faut, et ce sont les circonstances qui m'en forcent".
En seconde point il lui réclame avec insistance l'envoi de 1425 livres "d'ici le 1er mai [...] tout ce que vous faites excepté cela est de la bouillie pour les chats je vous le dit ; jettes de l'eau sur l'incendie si le feu prend ; entendez ce mot dans toute son étendue, mais n'innovez rien, ne créez rien, ne passez aucun baux, pour la millième et dernière fois, tout ce que vous fairiez serait inutile; ô juste Ciel! ne m'entendrez vous donc jamais [...]
5. la tracasserie de Mazan est une méchanceté de l'anglais seul, grand jacobin, grand terroriste et en deux mots gueux et cuterreux. Vous vous êtes très bien conduit dans cette affaire, continuez. Je vous loue de ne pas vous être apitoyé sur le sort de ce b..... là; ce qu'il faudrait ce serait de le faire mettre dans un hôpital [...].
6 Mon amitié ma confiance en vous et votre famille loin de diminuer s'augmente et vous en aurez de bonnes preuves en mai. F.... laissés moi donc tranquille jusque là et coupés moi les deux C.... si vous n'êtes pas content à cette époque. Je vous regarderais comme une malhonete homme et comme un lache si vous quittiez mes affaires jusque là et je vous réponds qu'alors vous n'aurez pas envie de les quitter.
7 Vendre Mazan est de la plus haute importance. Vous me ruinés, vous me tuez [...]. Je vous parle comme à un frère, comme à mon meilleur ami [...].
10 Je proteste que quand je vous ai fait reproche d'envoyer à Mde de Sade c'est qu'on me l'avait assuré et que je n'ai jamais voulu dire par là que cela fut dans votre poche [...]".
Après avoir signé, il reprend la plume, et d'une très fine et dense écriture explique son embarras financier et renouvelle ses demandes d'argent "car c'est ce matin que j'emprunte à très gros intérêt". Puis signe une seconde fois.
4500,00€