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Antoine de Saint-Exupéry relate son accident d’avion dans le désert égyptien en 1935

Antoine de Saint-Exupéry (Lyon, 1900/1944)
Écrivain, poète, aviateur et reporter français.

Type de document : lettre dactylographiée avec additions autographes

Nb documents : 1 - Nb pages : 4 pp. - Format : In-4

Lieu : Paris

Date : 16 novembre 1937

Destinataire : M. Lehideux, directeur des usines Renault à Billancourt.

Etat : Bon. Deux marques de trombones rouillés au premier feuillet.

Description :

Très intéressant brouillon d'une lettre d'Antoine de Saint-Exupéry sur son accident d'avion survenu dans le désert égyptien le 30 décembre 1935, lors d'un raid Paris-Saïgon à bord d'un Caudron-Renault Simoun. Après avoir erré durant 4 jours avec son pilote, sans vivres, ils sont sauvés par deux Bédouins. La scène d'ouverture du Petit Prince, qui débute par un pilote échoué dans le désert, fut vraisemblablement inspirée par cet épisode dramatique.

La lettre, dactylographiée (4 pp. in-4), est complétée d'une addition de 6 lignes, au crayon, de la main de Saint-Exupéry.

Il rappelle les faits en 7 points : « 1/ En 1935 (décembre), tenant sur Caudron-Simoun une liaison rapide Paris-Saïgon, et m'étant assuré à la Mutuelle des Assurances Aériennes, j'ai subi un accident à deux-cent kilomètres environ de la vallée du Nil, et à quatre-vingt kilomètres environ de l'usine Salt and Soda, dirigée par l'ingénieur suisse Raccaud qui nous a recueillis Prévot et moi quand, après quatre jours de marche dans différentes directions, nous avons enfin rencontré une caravane de Bédouins qui nous achemina près de lui ». Dès son arrivée au Caire, il a avisé la Mutuelle de l'accident, qui détacha un agent pour aller examiner les débris de l'appareil, qu'il fut convenu d'abandonner sur place. « Mais j'avais à coeur de sauver, dans la mesure du possible, ce qui demeurait utilisable de mon malheureux appareil, ceci afin d'agir avec le plus de correction possible vis-à-vis de mes assureurs. C'est grâce à l'obligeance dont fit preuve pour la seconde fois M. Raccaud, que nous pûmes prévoir un rapatriement, par ses soins, dont le coût laisserait néanmoins aux assureurs une large marge de bénéfices. [...] Mon rôle s'est borné à l'organisation matérielle d'un dépannage qui, grâce à l'Ingénieur Raccaud, fût un tour de force réussi. [...] Or M. Raccaud ne fut jamais remboursé. [...] Le contrat d'assurances prévoyait un plafond de six mille francs pour le dépannage éventuel, et la note de frais de M. Raccaud venait en supplément de ce forfait »... Saint-Exupéry déplore une situation extrêmement gênante, étant désormais « responsable de sommes que je ne dois point, et que je ne puis d'ailleurs régler, faute d'argent ».

Il ajoute quelques lignes à la main pour signifier son embarras face à un homme « qui a fait preuve envers moi de la plus grande amitié et qui m'a apporté en Égypte l'aide la plus généreuse ». La lettre reprend : « Il est assez amer que je me sois donné tant de mal pour être en fin de comptes lésé aussi gravement, tant matériellement que moralement. Et c'est pourquoi je me permets de vous signaler que votre aide - si elle m'a été précieuse et si je vous en suis infiniment reconnaissant - me plonge cependant aujourd'hui dans les plus grandes difficultés [...] ».

3800,00

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