Le jeune Louis Jouvet, l’esprit tourmenté, se réfère à Chartterton et refuse toute pitié
Louis Jouvet (Crozon, 1887/1951)Lettre de jeunesse de Louis Jouvet, alors étudiant en pharmacie qui effectue un stage chez Grès à Noisy-le-Sec (ses frères Gustave et Jules étaient l'un pharmacien, l'autre médecin). Ayant la grippe, il a tout le loisir d'examiner ses états d'âme à la loupe : son coeur prend le pas sur son esprit et cela lui fait peur. "Me voilà au lit depuis cinq jours déjà, l'immunité professionnelle n'est qu'un mot. J'ai la grippe, vous m'excuserez donc de ne pas vous avoir écrit plus tôt. Vous aurez les destinées dès que je le pourrai. Je suis fort occupé en ce moment de changer de pharmacie car je voudrais pouvoir travailler un peu et faire dominer aussi mon esprit sur mon coeur qui me fait peur. Je suis paraît-il un peu stupide. Je ne suis qu'une pauvre petite âme à plaindre [...]. Vous avez pour moi trop de pitié dédaigneuse. Vous n'avez pas compris Chatterton. Les Chatterton doivent vivre désespérément tristes ou mourir stoïquement. Je ne sais pas ce que je ferais [...]".
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