REF: 15280

Importante lettre du duc d’Epernon au roi Henri III (dont il est le mignon) lors du siège de Chorges en 1586

Jean Louis de Nogaret de La Valette Epernon (Duc) (château de Caumont (Samatan, Gers), 1554/1642)
Favori d'Henri III, gouverneur de Provence, colonel général de l'infanterie française, il se trouve dans le carrosse d'Henri IV au moment où celui-ci est assassiné.

Type de document : lettre signée avec souscription autographe

Nb documents : 1 - Nb pages : 2 pp. - Format : In-folio

Lieu : "Du camp devant Chorges" [Hautes-Alpes]

Date : 29 novembre 1586

Destinataire : Le Roi Henry III

Etat : Bon

Description :

Belle et importante lettre du Duc d’Epernon adressée au Roi Henri III lors du siège de Chorges en novembre 1586. La ville de Chorges était alors aux mains des Protestants commandés par le duc de Lesdigières, depuis 1585 et sera reprise par les Catholiques commandés par le duc d’Epernon et son frère Bernard de Nogaret en 1586.

"Sire, depuis les dernières lettres que jay escriptes à vostre Majesté, mon. de Termes mon oncle est décédé d’une fiebvre avec laquelle au partir de la Breoule [La Breole, Alpes-de-Haute-Provence ; en octobre 1586, le duc d’Epernon fit le siège du château défendu par les Protestant de Lesdiguières] il sestoit retiré à Cisteron [Sisteron] pour se faire penser et dont neantmoins il n’a peu eschapper tant elle est rendue de jour à autre maligne et violente. Je supplie tres humblement vostre majesté quil luy plaise pour marque du contentement quelle a eu de ses services honorer mon cousin son filz de sa compagnie de gens darmes afin que par le moien  de ceste charge il puisse tant mieulx faire paroistre sa dévotion à vostre service et si vostre majesté se resoult de pourvoir à son estat de mareschal de camp le vouloir accorder à monsieur de La Valette mon frere [Bernard de Nogaret] qui recevra a beaucoup d’honneur ceste occasion de luy pouvoir faire service plus près d’elle quand ses affaires le requeront. Je la supplie d’accorder aussy au Sieur de Montault mon cousin qui est à présent guidon de ma compagnie, celle du feu comte de Sault, estant gentilhomme en la personne duquel ceste charge sera dignement emploiée et s’en scaura bien dignement acquiter.

Quant à lestat de ce siege la place est tellement composée et garnie de si grand nombre d’hommes que nous ny avons encore guère peu avancé avec l’artillerie, et nous a fallu resouldre de les approcher par tranchées pour nous rendre maistres avec la sappe de lung de leurs bastions ou a faulte de pouvoir recouvrer des pyonnières n’en ayant eu qu’environ soixante ou quatre vingts au commencement qui peu à peu se sont tous desrobbéz, chacun de ceste armée a mis la main de sorte que nous sommes logés sur le bord de leur fossé au droict de l’ung de leurs bastions que l’artillerie a tellement émoussé que l’on peult monter deux ou trois de front et que aiant hier au soir faict essaier par quelques ungz ceulx de dedans donnèrent feu à une mine quilz avoient faicte sur la poincte aiant un retranchement derrière laquelle feu une ouverture ou ceulx des nostres qui estoient montez furent tous couvertz de terre, neantmoins si promptement secouruz quil ne leur en demeure que ung peu d’estonnement sans autre mal et ladicte poincte plus accessible pour nous, de sorte que esperons nous pouvoir bien tost loger au dessus et y monter quelques pièces. Nous faisons d’ailleurs faire ung cavalier sur lequel nous en pourrons aussy placer deux ou trois, et avec ces avantages veoir de plus près ceulx de dedans. Le temps commence de se rendre si rude en ce quartier que les soldatz qui sont tres mal vestuz et combattuz d’autres necessitez, meurent d’heure à autre, tellement que avons bon besoing de mettre bien tost fin a ceste entreprinse, comme aussy nous y faisons tout l’esfort qui nous est possible, le sieur de La Curée fust blessé la nuict précédente aux tranchées d’une arquebuzade qui luy a rompu l’os de la cuisse bien hault dont il est en danger de perdre la vie, hier le Sr de Rivoire gentilhomme d’auvergne fut aussi ung peu blessé d’une arquebuzade à la gorge. J’ay par mes précédentes supplié vostre majesté de pourvoir au licentiement des Suisses qui sont icy, ce que je luy ramenteneray encore par la présente, la suppliant aussy nous mander ce qu’il luy plaist estre faict touchant les autres forces de ceste armée, et à moy particulièrement pour le regard des compagnies des gens d’armes qui sont dernièrement venues en Gascoigne, affin de leur donner tel ordre et party que nous scaurons estre la volonté de vostre majesté faisant estat quant à ma compagnie de la laisser en Provence pour y servir selon que les occasions se présenteront si je n’ay autre commandement de vostre Majesté l’on me donne peu d’espérance de pouvoir tenir les estatz audit pays à cause que la peste s’y respand en beaucoup d’endroictz entre autres villes il y en a quelque commencement à Marseille et Aix n’amende pas. Sire, je prie dieu quil vous (?) en parfaicte santé et prospérité de tres longue et tres heureuse vie. Du camp devant Chorges ce xxixe jour de novembre 1586".

Compliment et signature autographes "Vostre tres humble tres obeissant et plus hobligee serviteur jlouis de lavalette".

Beau document dans un remarquable état de conservation. 

-Le 23 juin 1585 Chorges est prise d’assaut par Lesdiguières.
-Le 1er novembre 1586 une armée royale, conduite par le duc d'Épernon et son frère Bernard de Nogaret, investit Chorges ; la garnison capitule le 4 décembre après des prodiges de valeur ; l’armée assaillante perd la moitié de son effectif ; le 24 décembre, les fortifications sont rasées.

Le duc d'Epernon était l'un des "mignons" d'Henri III, au même titre qu'Anne de Joyeuse.

Encre brune sur feuillet double. Adresse au verso du second feuillet "Au Roy".

2000,00

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