Joséphin Soulary, frère poète de Claudius Popelin.
Joséphin Soulary (Lyon, 1815/1891)Belle et émouvante lettre de Joséphin Soulary. En fin de vie, il sent ses forces le quitter : «Votre Livre de sonnets vient de pénétrer comme un rayon de soleil dans la mélancolique retraite où je me débats misérablement contre le double assaut de l'âge et de la maladie. Et croyez, cher poète que, jamais plus vivement qu'aujourd'hui, je ne sentis l'influence désastreuse de ces deux ennemis de la muse. Il m'eût été si doux de répondre en poète à votre hommage de poète. Laissez-moi du moins vous dire, en cette langue sincère de la prose [...] mon admiration bien franche pour les belles choses répandues à profusion dans cet écrin merveilleux où l'or du vers est si délicatement serti dans le pénétrant émail des fleurs - double joie pour les yeux et pour l'esprit ! car si vous êtes un maître émailleur, vous êtes aussi, que vous le vouliez ou non, un maître sonneur ; et je vous tiens pour l'un de ceux qui ont dit, avec le plus de bonheur dans l'expression, avec le plus d'originalité dans l'idée, ce qu'ils aiment et ce qu'ils n'aiment pas dans cette vie». En le relisant, il avait l'impression de revoir son propre itinéraire de poète : «Dans vos pensées, dans votre accent, dans vos gestes même, dans toute votre physionomie enfin, je vous sens mon frère ; et pour tout dire, vous êtes un des rares esprits que je regrette de n'avoir pas toujours connus ; car je descends rapidement l'autre côté de la pente de la vie et je vous laisse derrière moi comme une amitié trop tard goûtée [...]».
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