Reinaud et Huot poursuivent l’oeuvre de Malte-Brun.
Joseph Toussaint Reinaud (Lambesc, 1795/1865)Quatre lettres de Reinaud relatives à sa contribution à la nouvelle édition du Précis de géographie universelle de Malte-Brun [Huot fut chargé, à la mort de celui-ci, de continuer son oeuvre ; il en publia une édition totalement refondue]. Il indique des modifications à apporter au chapitre sur la Turquie d'Europe. «Il est vrai que ce livre a besoin d'être modifié et mis en harmonie avec les immenses changements qui ont eu lieu dans l'empire ottoman depuis 1826. Il faudrait encore le mettre d'accord avec les tableaux qui doivent le suivre, et qui se trouvent aux pages 277 et suiv. Ces tableaux eux-mêmes me paraissent bien confus et en partie bien surannés [...]. Vous aurez sans doute remarqué que Malte-Brun, en rédigeant sa Turquie d'Europe, avait été réduit à la première édition du Voyage de M. Pouqueville, et à la mauvaise carte de Barbié du Bocage qui l'accompagne. Depuis cette époque, il a paru non seulement une nouvelle édition de l'ouvrage de M. Pouqueville, mais une excellente carte de l'empire ottoman de M. Lapie, qui reforme tout ce qui avait été fait jusque là [...]». Il répond à une question sur la géographie arabe. «Il n'est pas question de Khan-Balek dans les deux relations traduites par Renaudot. Ce mot signifie ville-royale, et n'a été mis en usage que dans le treizième siècle. Mais il est mentionné par Aboulfeda et par d'autres géographes arabes. C'est ce qui a donné lieu à Renaudot de le citer dans ses notes. Il est fâcheux, que la manière dont Malte-Brun s'est exprimé, ne soit pas plus précise. Mais cet illustre géographe paraît avoir été instruit de la vérité, puisque dans le passage en question, il ne cite pas seulement les deux relations de Renaudot, mais la plupart des géographes orientaux. C'est ce qui fit que dans le temps, je négligeai d'appeler votre attention [...]». Il évoque l'article du Temps consacré à la nouvelle édition du Précis de géographie, qui lui reprochait de ne pas avoir fait disparaître toutes les erreurs commises par Malte-Brun ; Reinaud répond sur ce point en s'appuyant sur l'histoire de la géographie et se justifie. Une dernière lettre est consacrée à la publication du deuxième tome, à un mémoire de Jomard sur le dépôt des cartes, et à l'article sur Aigues-Mortes dont les spécialistes se disputent l'hypothétique retrait des eaux. «Je puis citer un nouveau fait analogue ; c'est que la ville de Damiette en Egypte a été jugée mal à propos par Voltaire, M. Cuvier et les autres, à l'appui de la même thèse. Si la Damiette actuelle est à quelque distance de la mer, ce n'est pas parce que la mer s'est éloignée, c'est qu'immédiatement après la première croisade de Saint-Louis, le gouvernement égyptien, effrayé de voir constamment Damiette le point de mire des flottes chrétiennes, fit raser cette ville, et que plus tard une nouvelle ville s'éleva dans l'intérieur des terres avec le même nom. Voy. mes extraits des historiens arabes relatifs aux guerres des croisades (Paris 1829, pag. 478 et 481) [...]».
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