Le voyageur Louis Simond dresse un tableau élogieux de Genève et sa société.
Louis Simond (Lyon, 1767/1831)Installé à Genève avec son épouse, le voyageur Louis Simond admire Genève et sa société bien mieux que celle de Paris. «Je vous dirais que nous connaissons ici familièrement une quinzaine de maisons toutes à 5 ou 4 minutes de distance. Il y a dans les unes ou les autres des rassemblements presque tous les soirs où les femmes même se rendent à pied, éclairées par leurs servantes, la lanterne à la main. Avec toute cette simplicité, l'on est sûr d'y rencontrer des hommes très distingués, je pourrais vous en nommer un nombre connus dans toute l'Europe. On joue, on y cause sur tout ce qui se passe dans le monde, que l'on juge très bien et très modérément. On se connait assez pour prendre intérêt les uns aux autres et quelqu'étrange que cela puisse paraître, je vous assure que le ton des femmes y est infiniment supérieur à ce que j'ai vu à Paris dans les maisons dont ma petite réputation éphémère m'avait donné l'entrée - il y a plus d'instruction et par là moins de commérage, et beaucoup plus de douceur de voix et de manière - l'une de ces dames à qui on faisait compliment de l'universalité des connaissances parmi elles - répondit ah oui! nous en sommes farcies! [...]». Il la compare à la société parisienne puis évoque la rédaction de son Voyage en Suisse [Voyage en Suisse fait dans les années 1817, 1818 et 1819 ; suivi d'un essai historique sur les moeurs et les coutumes de l'Helvétie ancienne et moderne publié en 2 volumes en 1822]. «Je travaille beaucoup mais je ne finirai pas mon ouvrage à beaucoup près. Il contiendra un résumé de l'histoire générale de la Suisse qui liera les faits épars dans le Journal de voyage. Je ne me sens propre à rien dans la mêlée des hommes et des affaires, en France moins qu'ailleurs. Il faut cependant une occupation et celle d'écrire est la plus indépendante et la plus commode de toutes. On peut y être différent de tout le monde sans se froisser avec personne [...]». Il parle encore de l'Angleterre et de son industrie, et de la population cosmopolite de Genève. «Il y a des Grecs ici qui nous tombent des nues. Un hospodar de la Valachie et sa suite. Quelques uns d'entre eux, Morocordato particulièrement [Alexandre Mavrocordatos, le grand patriote grec], parlent français très purement, l'italien avec un accent parfait, l'arabe et le persan, le grec ancien et vulgaire, et lisent l'anglais et l'allemand. Ils sont au fait de la littérature européenne - et à ma grande surprise avaient lu mon ouvrage en français et en anglais en Valachie! [...]».
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