L’amitié houleuse de Henry Bernstein et Robert de Flers.
Henry Bernstein (Paris, 1876/1953)Les deux premières lettres témoignent des relations tendues entre Henry Bernstein et Robert de Flers, de leurs rivalités : « Je serais désolé que vous me prissiez pour "l'auteur susceptible" ou pour le jeune dramaturge friand de réclame aimable ou pour le faiseur d'embarras quelconques. De tous nos confrères, je suis à coup sûr un de ceux qui ont le moins écrit de lettres pour remercier ou récriminer ou invectiver. [...] Je suis arrivé à Paris vendredi dans la soirée. Le hasard a voulu qu'en deux heures de temps j'appris de bouches différentes et de personnes étrangères les unes aux autres, que le "Théâtre" avait publié sous votre signature et sur mon compte, un petit boniment d'allure quasi hostile et contenant pour le moins deux ou trois expressions bien malheureuses. Votre ton à mon égard était rendu particulièrement désobligeant par le fait qu'il contrastait avec la forme aimable donnée à tout le reste dudit boniment. Ceux de mes interlocuteurs qui savaient mon affection pour vous et ma joie de votre grand succès ne m'épargnèrent pas les "Eh bien, vos amis de Flers et Caillavet !..." ». Il évoque également le comparse de Flers, Gaston Arman de Caillavet, « camarade assez ancien et assez intime ». Il regrette les mots des deux hommes et préfèrerait une bonne entente entre eux et le reste des auteurs de leur génération. La dernière lettre, datée de 1915, révèle la volonté de Henry Bernstein de partir au front : « Il s'agit de mon honneur. Je veux aller au front, je veux me battre. Il ne faut pas que je sois empêché par des lenteurs administratives de tenir l'engagement que j'ai pris publiquement et en toute sincérité. » Il rejoindra l'artillerie en Flandre puis l'armée d'Orient, comme officier observateur, avant d'être rapatrié en 1916.
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