11 lettres du cardinal Perraud, évêque d’Autun.
Adolphe Perraud (Lyon, 1828/1906)Belle correspondance du cardinal Perraud à divers correspondants, débutant au moment de sa nomination à l'évêché d'Autun. "J'arrive enfin à vous. Je dis enfin, à cause des 300 et qq. lettres que j'ai écrites depuis 6 semaines pour répondre à toutes les marques de sympathie dont on m'a comblé [..]. Je ne tarderai pas à retourner à Paris dont j'ai dû fuir les agitations pour me recueillir dans la solitude [...]". Il disserte sur l'art de l'orateur, commentant l'ouvrage de son correspondant : "En ce qui me concerne personnellement, je me sentirais plus porté à suivre la méthode que vous recommandez. C'était celle de Fénelon. Cela ne veut pas dire que Bourdaloue et Massillon ne fussent pas des maîtres dans la parole bien qu'ils suivissent une méthode différente [...]". Il interpelle le duc d'Aumale sur la situation d'un "courageux travailleur", commente un ouvrage sur un "poète d'origine autunoise qui fut un bienfaiteur des pauvres de Beaune", assiste à un congrès anti-esclavagiste, prend part à la douleur d'un décès et se remémore son épiscopat. "Hier, toute la journée, je pensais, je sentais combien étaient unis en Dieu nos souvenirs et nos prières. Je repassais dans mon coeur la scène attendrissante des suprêmes adieux avec cet ami si cher, et, tout en regrettant de ne plus l'avoir avec nous pour partager nos tristesses, nos efforts, nos combats, nos blessures, je me réjouissais fraternellement de le savoir pour jamais fixé dans cette paix "que le monde ne peut pas donner" et qu'il ne peut pas non plus ôter. J'ai dit la Ste messe pour lui dans une de ces petites églises rurales qu'il eût aimées et où j'étais entouré de silence et de recueillement, quelques heures avant de la voir remplie pour la continuation de mon grand labeur pastoral. Commencé le 28 avril, il touche presque à son terme et sera entièrement achevé, au Creusot, le 6 juillet. Je demande à N.S. par l'intercession de nos chers amis de là haut, de vous soutenir au milieu de vos indicibles tristesses. Les miennes sont bien grandes aussi et il ne se passe guère de jours où le coeur de l'évêque et du français ne soit profondément atteint. C'est ainsi que se termine demain ma 29e année d'épiscopat, la 30e devant commencer avec la matinée de lundi. Oui, il y aura après-demain 29 années révolues qu'à S. Sulpice, des mains du très vénéré card. Guibert, je recevais l'onction des Pontifes [...]".
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