Albert Garenne prend son commandement aux confins du Tonkin.
Albert Garenne (Nevers, 1873/1958)Albert Garenne vient d'arriver à Moncay, au Tonkin, sur la frontière de Chine, pour y prendre le commandement de la 11e compagnie du 10e régiment d'infanterie coloniale. Le voyage a été très rude et il découvre un pays qui ne le satisfait pas. «Nous n'avons qu'à traverser la rivière pour être dans le Céleste Empire, en pleine ville de Tong Hing. C'est une agglomération bien chinoise, mais pouilleuse, amas de cases sordides et de détritus. Une population crasseuse qui nous regarde de travers et ne demanderait, c'est manifeste, qu'à nous dévorer si, comme le chien de la fable en face du loup... [...]. Au total, pays peu intéressant. J'aurais voulu être à une troupe indigène pour bien des raisons. Et puis, il n'y a pas de gibier dans cette région qui est dénudée. Bref, je vais demander un autre poste de mon goût [...]». Il finit par obtenir satisfaction et se trouve muté au district de Quang Uyen «un des commandements les plus intéressants du Tonkin. C'est le coin nord-est, au bout du territoire de Caobang. Nous partons demain et je vous écris dans les bagages. 8 jours de voyage où nous userons de tous les genres de locomotion sauf l'aéroplane [...]». Il commente l'ouvrage de Rivollet "Jérusalem", et celui de son ami Gavarny, "l'Ultimatum" dont il reproche le pessimisme obstiné. Lui même est en proie à quelques soucis pour l'édition de sa première production littéraire [Ialina, idylle malgache, publié en 1913]. «Plon & Nourrit m'ont joué un mauvais tour. Alors que je devais recevoir mes épreuves en mars, je ne les ai eues que dernièrement. Les absents ont toujours tort ! Si bien que mon livre sera en retard d'une saison. Cédant à vos conseils et réfléchissant que j'aurais toujours le temps d'honorer les morts dans une dédicace, j'ai dédié à Pierre Loti "le Sentier de guerre". Avec les épreuves, j'ai envoyé à l'éditeur quelques pages de garde dédicacées. Il y en a une pour M. Paul Hervieu, en petits vers [...]».
220,00€