Amédée Thierry travaille à un ouvrage sur le cardinal de Granvelle et aux archives monumentales conservées à Besançon
Amédée Thierry (Blois , 1797 /1873 )"Depuis que je vous ai quitté, mon cher Docteur, j’ai été bien tourmenté, bien poursuivi et enfin destitué. C’est une catastrophe à la quelle je devais m’attendre : elle est complète, car j’ai été mis au ban de l’enseignement et privé de faire aucun cours ou universitaire ou particulier. À nouveau j’ai eu la tentation de me réfugier à Genève, et de m'y fixer jusqu’à nouvel ordre ; je ne le ferai qu’avec peine ; cette maudite France me tient tant à cœur ! Mais j’ai trouvé à la fin un travail indépendant qui me retient ici".
Augustin Thierry explique alors son nouveau projet de publication : "Vous savez que le fameux cardinal de Granvelle, ministre de Philippe II, âme de la politique espagnole [...] était de Besançon. Accusé par ses administrés et disgracié par son maître, il a réuni dans les dernières années de sa vie, les pièces qui, à ses yeux, prouvaient sa probité [...]. Ce recueil, outre les panégyriques et les défenses personnelles, contient la correspondance diplomatique relative au gouvernement des Pays-Bas, aux guerres de religion en France, à l’administration de l’Espagne, à l’état de l’Angleterre, sous les règnes de Marie et d’Elisabeth. Ce sont 80 volumes in-f, de trésors ignorés ; ni Robertson, ni Hume, ni Schiller [...] n'en ont pris connaissance et pourtant ces données jettent la plus vive lumière non seulement sur nombre de faits particuliers, mais encore sur le XVIe siècle en général. La ville de Besançon à laquelle appartiennent les manuscrits de Granvelle m’a permis de publier un choix ; et comme j’ai trouvé ici à la fois imprimeur, libraire, et très bonnes conditions pécuniaires, je suis déjà à la besogne. Cette publication que je fais de moitié avec notre savant bibliothécaire M. Weiss comprendra de 8 à 10 volumes in-8. Le cadre adoptée par nous est une large bibliographie du cardinal [...]".
Cette publication ne verra jamais le jour. Quelque jours plus tard, la Révolution de juillet 1830 le réhabilitera en lui confiant le poste de préfet de la Haute-Saône, charge qu'il conserva huit ans sans rien publier.
350,00€