André Salmon travaille à la diffusion de son oeuvre.
André Salmon (Paris, 1881/1969)Ces trois belles lettres du poète André Salmon au peintre Marcel Mouillot témoignent de l'amitié liant les deux hommes. Elles font ressortir, également, l'atmosphère régnant dans l'immédiat après-guerre. Ainsi, Salmon écrit : «Je veux croire qu'en dépit de tout, le Père Noël vous a donné, à tous deux, des raisons fortes de croire en lui.... Quand même ! comme disait Déroulède, ce Père Noël de la Revanche.» Il fait ici référence à Paul Déroulède (1846-1914), militant nationaliste chantre du revanchisme. A cette même époque, il prend aussi plaisir à l'observation de la nature : «J'ai trouvé votre lettre en regagnant mon domicile parisien, après dix jours assez admirables de nature gelée, figée, fascinante, alors que Paris a seulement la mine d'un vieillard enrhumé.» Salmon travaille également à la diffusion de son oeuvre : «J'ai enfin pu ouvrir mes cartons. J'ai une nouvelle plaisante [...] ; son titre : Dire fontaine. C'est tiré du dicton : ne pas dire fontaine, je ne boirai pas de ton eau. C'est un conte moderne, d'allure fantastique mais sur le plan de la réalité. Je crois que cela vous plaira et c'est assez public, public de lettrés. Je vais penser à l'illustrateur.» Dans la dernière lettre, Salmon ajoute : «J'ai le projet, au moins le désir, de faire éditer (je ne sais pas encore où) en édition de luxe quelque Tendres Canailles, ou quelque Monstres choisis, ou les Archives du Club des Onze. De toute manière, il me faut et tirer matériellement parti de mon ancien répertoire, et le remettre ainsi un peu à jour. On verra ensuite pour mes inédits : un livre de poèmes en prose et le livre de vers que j'achève.» Mouillot lui commande également une notice sur Fernand Fleuret (1883-1945), écrivain et poète, ami de longue date de Salmon : «J'écrirai avec beaucoup de plaisir la notice sur le cas Fleuret. Hélas ! je ne possède, ni ne connais, aucun dessin. Peut-être [le peintre Othon] Friesz a-t-il un croquis ancien correspondant à l'huile qu'il fit de Fleuret jeune.» Il espère aussi continuer à écrire pour le Bénézit, le célèbre dictionnaire biographique des artistes. Enfin, il évoque la parution de son ouvrage Montparnasse, constitué de souvenirs : «[...] l'événement est gros de conséquences. Il n'y a pas à espérer, en mettant les choses au mieux, une sortie du livre avant bien plus loin que ce 1947 ; donc rien à attendre pour moi de ce que j'avais pu penser inscrire à mon budget de l'année.» Il travaille à cet ouvrage de mémoires depuis fin 1945 ; mais sa parution ne surviendra qu'en 1950.
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