Belle correspondance de Jules Soury à Charles Richet sur la psychologie physiologique.
Jules Soury (Paris, 1842/1915)Belle et intéressante correspondance de Jules Soury à Charles Richet, d'une fine écriture, échangée entre ces deux pionniers de la neuropsychologie, en particulier sur la psychologie physiologique. "J'apprends aujourd'hui, par une revue, qu'il existe, à Paris, une Société de physiologie physiologique. Cette société a constitué son bureau ; peut-être les membres titulaires sont-ils déjà nommés. J'avais, je vous avoue, quelque raison de croire que celui qui a inauguré, dans l'enseignement officiel, à l'Ecole pratique des hautes études, les premières conférences de psychologie physiologique, serait au moins avisé de la création d'une société de psychologie physiologique. D'autres, comme vous, écrivent des livres sur cette matière ; j'en parle en public, deux fois par semaine, depuis 1881. Enfin, on ne pense jamais à tout. N'en parlons plus. J'aurais désiré d'être membre titulaire d'une telle société ; je le désire encore, mais je ne veux pas courir les chances d'une élection ; je ne puis pas, quand je le voudrais. Quant à être membre correspondant, comme le premier amateur venu, cela ne me peut convenir. Voyez donc, cher Monsieur Richet, si je suis digne d'être membre titulaire de la société que vous venez de fonder. Les bonnes relations que nous avons conservées jusqu'à ce temps m'autorisent, je crois, à vous parler avec cette franchise toute amicale [...]". Une seconde lettre est relative à la publication des Souvenirs de Renan à sa soeur Henriette, et une troisième, plus longue, est consacrée à son étude sur l'histoire générale des fonctions du cerveau, à partir du cas de Galien. "Vous m'avez conseillé d'écrire quelques pages d'introduction historique, de parler, par exemple, de Galien, etc. Je me suis donc appliqué à rédiger cette histoire générales des fonctions du cerveau, ou, comme vous dites très bien, de l'innovation cérébrale. Pour comprendre les doctrines de Galien à ce sujet, il fallait, c'est l'évidence même, connaître celles d'Hippocrate et de Aristote (toujours à ce point de vue spécial de la physiologie cérébrale) [...]. J'avais, chemin faisant, dit tout ce qu'on peut rappeler (ce qui est bien peu) d'Hémophile et d'Erasistrate. Mais, estimant, comme vous (le grand chapitre d'histoire de votre Physiologie des muscles et des nerfs m'a beaucoup servi ; c'est un guide sûr) que, de Galien à Charles Bell, c'est probablement Willis qui a fait le plus pour le système nerveux, après avoir étudié Fernel et Descartes, j'ai disséqué Willis, et Malpighi, et Vieussens, et Boerhaeve, et Corneille Bontekoë, et Lorry, La Peyronie, Haller, Prochaska, Sömering, Vicq d'Azur, Gall... [...] Ce grand labeur a été accompli en quatre mois, de juillet à novembre. Pas une ligne n'en était écrite avant [...]. Sur presque tous les points de la physiologie du cerveau, mes idées ont dû se transformer avec les faits et les théories depuis deux ou trois ans. Tous mes jalons sont déjà plantés. Mais approuvez-vous que je m'arrête à Gall et Spurzheim? J'avais bien l'intention d'écrire sur Pouvillon, Broca, Fritsch et Hitzig... Quand je contemple la vaste étendue de mon Historique, d'Alcméon à Gall, j'hésite, et je pense qu'il vaut mieux m'arrêter pour cette fois [...]. Mais, si le Dictionnaire de physiologie de Charles Richet est un livre absolument nouveau, d'inspiration et d'exécution, peut-être mon histoire documentaire des opinions sur la structure et les fonctions de l'innovation cérébrale trouvera-t-elle grâce devant vous. Mon manuscrit, en brouillon, est terminé jusqu'à Gall. Le net va presque jusqu'à Galien [...]. Je lirai avec beaucoup de plaisir et de profit les vingt pages que vous voulez bien m'annoncez sur la circulation du cerveau [...]".
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