REF: 12701

Belle correspondance de Pierre Emmanuel à Louis Parrot, écrite durant l’occupation

Pierre Emmanuel (Gau, 1916/1984)
Poète et académicien.

Type de document : lettres autographes signées

Nb documents : 3 - Nb pages : 7 pp. 1/2 - Format : In-4

Lieu : [Dieulefit, Drôme]

Date : 1942-[1944?]

Destinataire : Louis Parrot (1906-1948), poète

Etat : Bon

Description :

Trois belles lettres de Pierre Emmanuel, adressées à son ami le poète Louis Parrot, écrites durant l'occupation, évoquant en particulier son admiration pour Jouve et Reverdy.

31 juillet 1942. "Je suis si heureux de votre lettre, qui participe si simplement à notre joie. Cette révélation quotidienne dont elle me parle, je commence à la vivre, dans le ravissement. Quelle tendresse oubliée se rappelle à l'homme dur que je croyais devenu... mais au fond de mon coeur rien n'a changé, c'est merveilleux de retrouver cette fragilité, cette espérance qui m'est commise, cette vie sans défense mais dont la volonté d'être est surprenante déjà".

Il demande s'il a vu Catherine Seghers, "petite fille très sage, déjà très familière avec la poésie et les poètes : elle a une façon si drôle d'appeler Aragon : "Agon". Le remercie de son article. "Vous avez bien fait de dénoncer l'exploitation éventuelle de ma poésie à des fins anti-poétiques par essence, c'est à dire contraires à l'esprit créateur. Cette absurde "volonté de comprendre" qui est l'un des symptômes les plus graves de l'exil de l'homme hors de ses frontières, est tellement opposée à la compréhension véritable qu'il semble bien que nous parlions, nous, une langue entièrement différente de ses tenants.

"Ce petit monde meurtrier

Transfrome la parole en bruit"

a dit -définitivement- Eluard. Nous ne pourrons jamais nous entendre avec ces gens là : au fond, ils le savent bien, et demain, ils prendront leur revanche [...]". Il évoque son admiration pour Pierre-Jean Jouve. "Vous me parlez de Jouve avec un attachement auquel je suis d'autant plus sensible, que j'ai pour lui la plus profonde affection, l'admiration la plus grande - presque sans réserve. Je m'honore de son amitié, à laquelle je dois le climat de confiance sans lequel les plus riches tentatives risquent d'avorter. Sans lui, j'eusse été seul devant cette brutale transformation de mon être que fut ma naissance à la poésie. Il est vrai que cette naissance même, je la luis dois. Reverdy? Il m'apprit, par ses poèmes, l'extrême ténuité des états les plus profonds, les plus critiques. Avec Jouve et Eluard, il est l'un des grands poètes de sa génération. Il y a Claudel, et puis ces trois là".

Il transmet son amitié à Noël Arnaud, lui demande un exemplaire du "Poète et son Image", lui en adresse un du "Poète et son Christ", l'invite à participer aux Cahiers du Rhône, donne l'adresse d'Aragon et de Jouve et l'invite à venir lui rendre visite à Dieulefit.

22 juillet [1943?]. Il se plaint des Cahiers du Rhône. "Je comprends d'autant plus votre énervement au sujet des C.d.R. que moi-même je suis exaspéré de leur mutisme définitif. Il y a quinze mois que "le Poète et son Christ" a paru, et je n'ai pas reçu un sou. Je ne sais absolument pas où j'en suis, et le livre est épuisé". Il décrit ses menaces et démarches pour débloquer la situation, affirme qu'il ne re-corrigera pas les épreuves du texte pour la Collection Rouge et s'inquiète pour sa subsistance.

4 janvier [1944?]. "Je vous envoie un exemplaire dactylographié de Sodome [paru en 1944]. J'en ai fort peu, et celui-ci, je le destinais à Jean Starobinski, mon ami le plus cher. Voulez-vous le lire, en faire usage, et s'il vous plait, le donner à François Lachenal pour qu'il le fasse parvenir à Jean? Ce mot, en hâte. Nous pensons à vous tous, à nos espoirs identiques, aux beaux jours que connaîtront Jean François et Cathie. Nous vous disons toute notre amitié, notre communion dans l'espérance [...]".

 

Encre bleue ou noire.

Vendu