Belle lettre de Georges Bernanos « Je me suis condamné à un sujet effroyable (le mauvais prêtre) »
Georges Bernanos (Paris, 1888/1948)Belle lettre de Georges Bernanos, écrite au moment de la publication de Sous le soleil de Satan (1926), probablement au sujet de l'Imposture (qui paraîtra en 1927). Enveloppe conservée avec cachet postal (en partie illisible)
Il a reçu deux volumes de son correspondant, alors qu'il était à Lourdes "[...] Je vous admire d'avoir tiré une si forte et pénétrante leçon de rien, ou de presque rien. Mais c'est le miracle de l'amitié. Elle a l'air d'utiliser quand elle crée. C'est un merveilleux et lourd fardeau à porter qu'une confiance comme la vôtre ! Je ferai de mon mieux. [...] Et j'aimerais mieux cent fois me taire que seulement risquer de vous décevoir, vous, et ceux qui vous ressemblent".
Puis il évoque l'écriture de son roman (Sous le soleil de Satan, ou l'Imposture) : "J'ai pris ici des vacances fort avantageuses pour mon salut éternel... Je travaille dix heures par jour. Je ne sors jamais. Je me suis condamné à un sujet effroyable (le mauvais prêtre) et j'y avance pas à pas, sans consolation d'aucune sorte. Mon pauvre secret si j'en ai un, c'est peut-être d'écrire chacun de mes livres comme s'il devait être le dernier, avec une volonté désespérée. Cela ira aussi longtemps que Dieu voudra".
Il termine par des propos ironiques sur Henriette Charasson et de René Johannet : "Le pauvre Johannet aurait bien dû se contenter d'être exposé tout nu, et dans toutes les positions conjugales, en vers de huit ou dix pieds, par la femme Charasson, sa compagne. Il y est allé personnellement de son petit attentat à la pudeur. J'espère que cela vaudra au couple charmant un nouveau prix de littérature spiritualiste [...]". Henriette Charasson avait obtenu le Prix de littérature spiritualiste pour Les Heures du foyer (Flammarion, 1926).
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