Belle lettre littéraire de Thomas Mann, sur les traductions françaises de ses ouvrages
Thomas Mann (Lübeck, 1875/1955)Longue lettres de Thomas Mann à son éditeur.
Il fait parvenir à son correspondant une petite autobiographie "Im Spiegel", un exemplaire de sa nouvelle Tristan, parue en 1903 et de sa nouvelle "Unordnung und frühes Leid", parue en 1925 dans une revue et éditée en 1926, toutes deux pour comparaison avec la traduction française. Il va tâcher de se procurer une copie avec corrections du manuscrit original perdu de Tristan.
Les traductions de ces oeuvres ont été réalisées par la française Madame Gille et laissent à désirer, dans certains passages, dont Thomas Mann donne des exemples. La traduction décolore les mots de l'écrivain, gomme la psychologie et lisse le rythme. Les traductions de Mme Gille ne doivent donc plus être utilisées pour ses textes majeurs.
Il voudrait savoir lesquelles de ses oeuvres vont être traduites par la suite, par Pierre Quint et souhaite que ce ne soit pas "Königliche hoheit" ni "Buddenbrooks", mais plutôt "Zauberberg" (la montagne magnifique) dont l'intérêt de la traduction serait beaucoup plus pertinent en France.
Il vient de lire un intéressant article du grand critique littéraire Ernst Robert Curtius, qui comparait Zauberberg aux Faux-Monnayeurs de Gide. Il ne sous-estime pas les difficultés de traduction mais cela a déjà été traduit en anglais, texte qui doit paraitre la semaine suivante à New York, etc.
Une dizaine de corrections autographes (mineures), dans le texte.
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