Brasillach évoque Blond, Cousteau, Laubreaux, Rebatet et Maulnier
Robert Brasillach (Perpignan, 1909/1945)Lettre de Brasillach adressée à un ami. Il y évoque ses amis et confrères : Georges Blond, Pierre-Antoine Cousteau, Alain Laubreaux, Lucien Rebatet et Thierry Maulnier.
"Cher ami,
J'allais vous écrire pour réclamer de vos nouvelles. Je me doutais que vos occupations étaient plus fastidieuses qu'intéressantes. Nous en sommes à peu près tous là.
Vous me demandez quand je vais en permission. Pas avant la fin janvier. C'est loin, mais l'essentiel est que les permissions aient commencé, comme cela on peut commencer à compter les jours.
Vous êtes gentil de ne pas vous être ennuyé à lire la Guerre d'Espagne [son ouvrage Histoire de la guerre d’Espagne, avec Maurice Bardèche), Paris, Plon, 1939]. C'est un gros livre bien sérieux, nous avons essayé de le rendre le plus vivant possible, mais comme d'autre part, nous voulions être complets, il fallait bien y laisser des chapitres embêtant. Enfin, maintenant on a à s'intéresser à autre chose qu'à cette guerre qui était le "bon temps" ! Pas pour les Espagnoles, bien sûr... Pour eux, c'est maintenant le bon temps, car ils vont nous vendre beaucoup, et reconstruire leur pays qui en a sacrément besoin. Tant mieux pour eux, car je les aime bien.
J'espère que cette guerre ne sera ni trop longue ni trop meurtrière. Ce serait si amusant de faire un grand "parteitag" de rentrer à Lyon. Car si la censure nous y autorisait, le seul article que j'ai envie d'écrire à JSP c'est : "Nous continuons !" Il y a tant de choses pour lesquelles il faut continuer, et dont les gens n'ont pas très bien l'air de se rendre compte.
Avez-vous des nouvelles de nos amis. G. Blond est toujours à Brest, et je crois qu'il ne s'y déplait pas. Cousteau est en permission dans le midi. Laubreaux continue de s'occuper de JSP [Je sui Partout, journal collaborationniste et antisémite qu’il dirigeait] avec une alacrité et un dévouement admirables, et en fait un journal épatant. Rebatet est toujours soldat en réserve, et Thierry Maulnier a été démobilisé !! (Pourquoi ? Mystère. On a trop de gens pour l'instant. Notez qu'il est lieutenant d'infanterie, c'est le seul cas que je connaisse).
Pour ma part, je suis toujours au même endroit. Je m'ennuie un peu. Il pleut. Il ne fait pas chaud. Mais je ne suis pas à plaindre. [...]".
Vendu