Correspondance de 11 lettres d’Arman de Caillavet à Paul Gallimard.

Belle correspondance sur le théâtre [Paul Gallimard était propriétaire du Théâtre des Variétés et du Théâtre de l'Ambigu-Comique]. "Le succès de Feydeau me donne le titre : ça s'appellera "Le Mr de chez Paul", ledit Paul est comme vous pensez celui qui préside au Palais-Bourbon aux déjeuners tant célèbres. Vous savez qu'on répète le Lys Rouge. Enfin!! [...]. J'ai vu Porel, nous ne sommes malheureusement pas prêts pour passer en novembre et sommes renvoyés vers janvier ou février, suivant l'absence de Réjane [...]. Robert [de Flers] m'écrit le chagrin qu'il a eu de ne pouvoir réaliser nos projets et les vôtres, chagrin que je partage, et qui vient surtout du mécompte que nous vous donnons. Vous savez pourtant si nous désirions cette reprise - mais est elle possible sans interprètes? Et la pièce nouvelle, elle aussi, pièce à trois hommes, pour laquelle nous avions songé à Claudius ou Polin et à Jean Périer n'est pas plus jouable en l'état actuel des choses. Nous l'avons constaté avec tristesse, sans méconnaître les difficultés de toutes sortes qui nous ont empêché de réaliser votre programme. Une pièce nouvelle étant impossible pour le moment, la reprise nous apparaissait comme le seul arrangement désirable en ce début de saison. Nous acceptions de la faire avec Guyon sans enthousiasme, mais pour faciliter les choses, et voilà qu'il n'y même plus de Guyon! Que faire? Vous nous connaissez, mon cher Paul, vous savez quel est notre sincère et profond désir de vous être agréable. Mais faut-il aller au devant d'un désastre? Et nous le conseilleriez vous? Au point de vue matériel et en ce qui touche Terrasse, notre devoir est au contraire de ne pas gâcher la pièce qui a encore un bel avenir et de la province. Votre cousin Paul Dupont que nous avons vu l'autre jour pour essayer de le réconcilier avec Terrasse, était très vivement opposé à une reprise aux Bouffes, et c'est nous au contraire qui la défendions. Notre plus vif désir était de la réaliser. Si ce n'est chose faite ce n'est vraiment pas notre faute. Et c'est avec un vrai chagrin que nous voyons ce théâtre, qui est le vôtre, s'engager dans une impasse [...]".