Deux intéressantes lettres de Marcel Achard à Henri Jeanson, incarcéré à la Santé
Marcel Achard (Saint-Foy (Rhône), 1899/1974)Ensemble de deux très intéressantes lettres de Marcel Achard, adressées à son ami Henri Jeanson alors incarcéré. Arrêté en novembre 1939 pour des articles parus en mars et août 1939, Jeanson est condamné à 5 ans de prison le 20 décembre pour « provocation de militaires à la désobéissance, de provocation à l’insoumission et complicité » et incarcéré à la prison de la Santé. Ses amis se démenèrent pour le défendre. Après avoir vu son pourvoi en cassation rejeté, ces mêmes amis firent circuler une pétition rédigée par Roger Martin du Gard en sa faveur. Elle fut signée par Marcel Achard évidemment, ainsi que par Jean Anouilh, Marcel Aymé, Julien Benda, Henri Bernstein, Tristan Bernard, Pierre Bost, Francis Carco, Jacques Chardonne, Léon-Paul Fargue, Louis Jouvet, Joseph Kessel, Pierre Lazareff, François Mauriac, Jules Romains, etc.
Dans ces lettres, Achard dit à Jeanson qu'il témoignera lors de son procès. "[...] Le commandant Vimard m'a dit - et sans m'en demander le secret - qu'il avait supprimé plusieurs chef d'accusation - ce qui est sûrement excellent. Lazareff m'a dit qu'il allait envoyer Saint-Ex et je vais de mon côté faire le nécessaire pour Jouvet. Mon petit Henri, je suis très triste de ne pas te voir et de ne pas avoir avec toi ce souvenir, si mélancolique - en plus de tous les autres. J'ai appris bien des choses en m'occupant de cette triste affaire - entre autre, à quel point ton bonheur et ta chance étaient nécessaires aux miens [...]. Écoute bien tes avocats - et fais bien ce qu'ils te diront, je t'en supplie [souligné 3 fois]".
Le second courrier évoque la pétition. "Tu peux dormir tranquillement. La pétition est en bonne voie. Je comprends ta nervosité. Mais elle est sans raison. Ne te laisse pas énerver [...]". Jouvet et Achard vont s'occuper de certaines démarches et en profiter pour récolter des signatures. "[...] Ta lettre m'a fait de la peine, car elle prouve que tu ne dors pas, que tu t'énerves. Mon pauvre chou, tu penses bien que c'est notre seule idée aussi, à nous, de t'obtenir le régime politique [...]". Achard rassure son ami et ajoute "Tu ne sembles pas avoir pris en considération le fait que le commissaire du cinéma va s'occuper de toi. Il nous l'a promis formellement. Il a besoin de toi et de ton talent [...]".
On joint quatre articles de journaux contrecollés sur papier fort, dont le texte écrit par Achard à l'occasion de la mort de Jeanson, publié dans l'Aurore.
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