Deux lettres de l’évêque de Saintes sur une affaire galante avec les Nonnettes en 1692.

Curieux ensemble de 2 lettres, écrites de Saintes le même jour, sur la même affaire de "galanterie" avec les "nonnettes", l'une écrite et signée par l'évêque de Saintes ("G. evesque de Saintes"), l'autre d'une écriture différente, mais signée "l"abbé Du Plessis" qui était aussi un titre de l'évêque de Saintes, Guillaume de La Brunetière du Plessis-Gesté. "Vous estes trop bon connoisseur pour que cela vous ait échappé mais comme on n'est pas méchant en tout je ne le suis pas jusqu'au point de vouloir charger ma conscience de ce qui pourroit arriver entre nous et les Dames de Verjeroux ou de Rochefort, et c'est pour cela mesme que j'ay pris mes précautions de dire que vous aviez fait tout ce que vous aviez peu pour nous persuader que votre passion pour la charmante nonnette estoit sincère mais que parmi toutes nos protestations il estoit facile de reconnoistre les amusements d'un ancien colonel dans un quartier de rafraichissement d'avec les mouvements d'une véritable passion, et que je n'avois pas du tout donné dans le panneau que vous avez tendu [...]. Vous voyez bien, monsieur, que si les Dames de Rochefort vous prennent sur ce pied là, je n'auray pas grand compte à rendre de mes paroles inconsidérées [...]. Si je n'avois pas raison de penser de vous ce que j'en pense sur vos galanteries, nous aurions déjà eu l'honneur de vous voir quatre fois depuis votre départ [...]". Et l'évêque de Saintes : "[...] car enfin, Monsieur, il est vray que je vous honore infiniment et quoy qu'on ne peut avoir plus de passion que j'en ay de montrer l'honneur de vos bonnes graces, tout ce que vous me faites l'honneur de me dire de vos occupations qui faisaient ici votre amusement aux heures perdues n'a passé chez moy ny pour maladie au bout du doit ny pour maladie de coeur. Les nonnettes ny les Aigrefin ny toute la jeunesse ne vous sçauroient faire passer pour dupe. Vous avés regardé avec plaisir et sans inquiétude ce qui fait le trouble des autres et on ne vous a point osté le plaisir de voir des prétentions et des finesses des uns et des autres qu'ils ne sont point assés habiles pour cacher à des yeux comme les vostres qui n'ont point besoin de lunettes d'approche. Vous sçavés donner à chaqu'un des temps que vous passés toujours bien et en homme expérimenté ce qui leur convient et vous remplirés sous les devoirs d'un illustre et ancien colonel dans le camp comme vous faisiez briller ici la politesse d'un homme qui a veu à la Cour autre chose que des nonnettes. Cependant je croy que le Prince d'Orange ne vous inquiétera point et qu'il laissera monsieur le Maréchal à La Rochelle [...]".