Deux rares lettres sur la mort d’Henri de Balzac, demi-frère méconnu d’Honoré de Balzac
Rares documents sur Henri de Balzac, le demi-frère d'Honoré de Balzac (1807-1856). Il naquit de la liaison adultérine de la mère de Balzac, Anne-Charlotte-Laure Sallambier, avec M. [de] Margonne, châtelain de Saché, près de Tours, ami intime de la famille. Margonne légua dans son testament 200 000 francs au fils, déjà mort, de son ami depuis longtemps perdu de vue. Ce legs important constitue, selon M. Bernard Barbery, une véritable "reconnaissance de paternité".
- Lettre signée de Françoise Ballan, épouse d'Henri de Balzac, à une femme de la famille Margonne. Saint-Denis (île de la Réunion), 5 avril 1859. 3 pp. 1/2 in-4 sur un fin papier bleuté. Longue et émouvante supplique :"Par son testament du 2 mai 1858, M. de Margonne en faisant un legs de 200 000 francs au profit de feu mon mari, M. Henri de Balzac, vous a institué sa légataire universelle. Vous étiez tout-deux l'objet de son affection [...]. Une fatalité inouïe a voulu que mon mari vint à décéder 53 jours avant la constitution de ce legs. Par la force de la loi c'est vous qui êtes appelé à tout recueillir [...]". Elle ne pourra donc laisser aucun patrimoine à ses deux fils. Mme Ballan relate la vie malheureuse de son mari à la Réunion et la situation de ses fils "mon fils cadet est infirme" et son ainé a une place mal payée dans les Eaux & Forêts ; "j'ai été très riche", avoue-t-elle, cette fortune lui venait de son premier mari. Mais aujourd'hui dans le dénuement, elle plaide longuement sa cause pour convaincre sa correspondante de lui restituer une partie de l'argent qui devait lui échoir "le quart ou le cinquième" et la prie de se mettre "un moment" à sa place.
- 6 février 1865. Copie d'époque d'une lettre de la veuve d'Henri de Balzac, Françoise Ballan, à la comtesse des Pictières. Saint-Denis (île de la Réunion), 6 février 1865, 2 pp. 1/2 in-8. "Il y a environ trois mois je vous faisais part de la perte douloureuse qui venait de m'accabler dans la mort de mon fils Honoré de Balzac" [neveu et filleul de l'écrivain]. Ce courrier avait pour but de "faire abandon du dernier terme de la rente non encore échue à l'époque de sa mort, pour faire face aux frais nécessités par la maladie qui l'a emporté". Elle résume leurs échanges passés : "La fatalité a voulu qu'un oubli dans le testament de M. de Margonne [propriétaire du château de Saché et grand ami de Balzac] nous ait privé mon fils & moi d'une fortune qui devait nous mettre à l'abri de la misère. Il a bien fallu se courber devant la loi. Votre générosité est venue suppléer à cet oubli [...]".
Voici ce qu'explique le Dictionnaire de biographie française (Tome V, p.29, n°3) à propos d'Henri de Balzac : "Il naquit en décembre 1807. Chéri par sa mère, et assez mal élevé, peu enclin au travail, il fit des études médiocres et, lorsque la mort de son père eut réduit la famille à la gêne, il s'embarqua au début de 1831 pour l'ile Maurice, où on lui offrait un poste de professeur. Installé à Port-Louis chez Françoise Ballan, veuve d'un capitaine au long cours qui prenait des pensionnaires, il ne tarda pas à épouser sa logeuse, de quinze ans plus âgée que lui. Le jeune ménage vécut heureux durant deux années, puis l'abolition de l'esclavage et la crise économique vinrent réduire ses ressources. Françoise Ballan liquida son avoir et s'embarqua pour la France avec son mari, en 1834. Henri s'établit aux Andelys, où, employé dans les bureaux de son beau-frère Surville, il connut une misère telle qu'il préféra retourner en Afrique. Il ne trouva pas à s'employer à Maurice, passa à l'ile Bourbon et y ouvrit un cabinet d'architecture qui périclita. L'amiral Bazoche de Galerande le fit nommer commis de la marine, puis le chargea, comme arpenteur juré, de tracer le plan de la ville de S.-Louis, puis de celle de S.-Denis. Il mourut à l'hôpital militaire de Mayotte, le 11 mars 1856, laissant un fils, Honoré, dont H. de Balzac avait accepté le parrainage".
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