Deux très belles lettres littéraires de Georges Limbour, dont une sur La Chasse au mérou
Georges Limbour (Courbevoie, 1900/1970)Ensemble de rares deux lettres de Georges Limbour à Madeleine Chapsal.
Très belle lettre littéraire sur son ouvrage La Chasse au Mérou, qui avait paru chez Gallimard, en 1963. "Il y a un sujet dont je n'ai pas pensé à vous parler et qui me tient fort à cœur cependant : c'est l'auto-stop, dont j'ai un peu fait le symbole de la vie. Mais à faire de l'auto-stop moi même, je n'ai jamais réussi : les deux ou trois fois que j'ai essayé, aucun conducteur ne s'est arrêté. Le résultat du dernier essai fut que je fus éclaboussé jusqu'au visage par le passage de la voiture dans une flaque d'eau. Je pense que, me sentant ou plutôt me croyant alors en état de mendicité, je faisais signe sans conviction, d'une manière timide, et trop humble. Certainement j'étais fautif : qui ne réussit pas l'auto-stop manque d'une certaine chaleur d'abord, d'un don de persuasion ; une certaine grâce leur fait défaut. Je me suis donc rattrapé, comme c'est la règle, en poésie. Mes déboires m'ont appris l'importance, et toute les subtilités du signe. Cela prend de l'ampleur, je crois, si l'on songe que les rencontres de la vie se font en un même clin d'oeil que celles de l'auto-stop [...]". Il fait un parallèle avec l'amitié et l'amour et explique qu'à contrario, il a prit des centaines d'auto-stoppeurs, certains qu'il a détestés et d'autres qu'il a beaucoup aimés et qui ont influencé son dernier ouvrage. Il conclut : "La vie c'est de l'auto-stop, nous avons fait un joli brin de chemin ensemble, et par un joli matin, je vous en remercie".
Dans un second courrier Limbour prévient Chapsal d'une erreur de portrait photographique dans l'Express, à son endroit et ajoute : "Quelques amis m'ont signalé que la photo illustrant votre interview était celle d'une autre personne. J'en avais eu moi-même le soupçon, en lisant L'Express (avant les autres, bien entendu), mais se connaît-on si bien soi-même ? Se reconnaîtrait-on si vite si l'on se rencontrait dans la rue ? [...] comme un visage s'efface vite […]". Il espère que la personne du portrait ne sera pas gênée par les propos qu'on lui fait dire.
Chapsal avait consacré un Entretien à Georges Limbour, dans L'Express du 13 juin 1963.
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