Edmonde Charles-Roux, le rôle du public et la télévision
Edmonde Charles-Roux (Neuilly-sur-Seine, 1920/2016)Intéressant texte pamphlétaire d'Edmonde Charles-Roux contre la télévision.
"Le grand public a changé de rôle, d'habitudes, de lois et de nom. Le grand public est mort, victime des télé-spectateurs. Qu'est-il désormais ? L'égal des vedettes. A la fois témoin et complice [...] plus rien ne le rappelle à l'ordre. Pour mieux applaudir, il met ses pantoufles [...]". Pour Edmonde Charles-Roux la télévision a perdu son charme, et laisse place à la familiarité, au sensationnalisme du divertissement. Elle illustre son propos en prenant pour exemple les débuts de Mireille Mathieu, qui furent, manifestement, également ceux du ciné-reportage ou de la télé-réalité. Elle évoque l'émission de François Reignebach et Johnny Stark, le pygmalion de Mireille Mathieu. "François Reichenbach explore à la loupe le visage d'une débutante allant à la découverte d'elle-même, se libérant tant bien que mal des attitudes, des gestes, du style de Piaf. De toute évidence Mireille Mathieu est sans angoisse. Elle ignore tout du malheur, du chagrin. Petite fille, rien ne lui a manqué, ni la tendresse, ni la santé, ni le pain. C'est cette "anti-Piaf" qui nous est révélée. François Reichenbach nous la montre avec ses lacunes et ses malices de banlieusarde, avec ce qui lui est naturel et aussi avec ce qu'elle doit déjà à son Pygmalion. Il la dévoile avec ses illusions. Elle nous apparait dans toute son inconscience : celle d'une enfant des rues qui n'est pas encore sûre de ses moyens mais qui règne déjà, à ses risques et périls".
500,00€