Extraordinaire lettre pleine d’amertume de De Gaulle à Malraux après la défaite électorale de 1953
Charles de Gaulle (Lille, 1890/1970)Brouillon d'une lettre de De Gaulle à Malraux, écrite au lendemain de la lourde défaite du RPF aux élections municipales de mai 1953, qui a perdu la moitié de ses voix et plusieurs des villes conquises en 1947 (notamment Marseille). Il explique la défaite par la trahison de la droite coupable de l'avoir abandonné une fois la menace communiste disparue. Dès le lendemain de cette lettre, De Gaulle rend leur liberté aux parlementaires.
La lettre, dont les pages sont numérotées "3" et "4" est malheureusement incomplète des deux premières pages.
"Cet abandon ne reflète-t-il pas la véritable nature de ceux en qui nous avions su placer notre confiance et les attentes de nos partisans compagnons. La vie politique à laquelle je n’ai été formé qu’à l’appel de la France, offre une cette image alliant la fausseté et l’inintelligible calcul des individualistes sous le sceau de l’intérêt partisan national.
Pas plus qu’ils ne gagneront en dignité, ces associés de leur juste cause drapés dans le laticlave du parlementarisme, se réchaufferont dans les nids dorés de cette république que j’ai contribué à restaurer. J’ai supporté l’exil alors que le néant l’abîme nous frappait. Me voilà aujourd’hui de nouveau étranger en mon propre pays. Cela me blesse terriblement, mon cher ami. Vous qui connaissez l’affecte qui est le mien quand je parle de la France, imaginez ma douleur de voir ce grand pays meurtri et miné par ceux qui s’en disent ses défenseurs.
La trahison, mon cher compagnon, la trahison, j’en ai suivi le visage à la lecture de Thérive : en politique, il n’y a pas de traitres, il n’y a que des perdants. Nous nous passerons de ces derniers, mon cher André.
Au plaisir de vous revoir très prochainement, recevez mon cher Malraux mes amitiés fraternelles. C. de Gaulle"
Vendu