Francis de Miomandre effondré après le refus de Grasset de le publier.
Francis de Miomandre (Tours, 1880/1959)Émouvante lettre du prix Goncourt Francis de Miomandre, écrite à la fin de sa vie, alors que les portes des éditeurs se referment sur lui. Il se confie à André Sabatier, éditeur chez Grasset. "Je suis sorti extrêmement triste de notre entretien d'hier. Non pas certes à cause de la perspective d'un très probable échec de ma proposition d'un recueil de "nouvelles"... mais de... Je vais m'expliquer. Je pensais évidemment que vous m'énuméreriez - loyalement et objectivement, comme vous l'avez fait - les difficultés dans lesquelles vous vous trouvez du fait de tant de choses qui nous dépassent tous. Mais, je ne vous le cache pas, je pensais que, au lieu de subordonner mon entrée chez vous à l'acceptation de tel ou tel manuscrit (comme on fait pour n'importe quel débutant), vous m'auriez dit - avec plus ou moins de nuances ou de restrictions, ou de délais à envisager : "Je vous prends comme auteur. Je ne m'engage pas à publier toute votre production, mais en principe, vous êtes chez vous, et vous nous réservez vos oeuvres personnelles et vos traductions. Car nous savons qui vous êtes et ce que vous valez. Nous sommes persuadés d'en convaincre le public, un peu plus encore qu'il ne l'est". Voilà ce que j'imaginais entendre de votre bouche, et vous devez comprendre combien cela m'aurait encouragé et réconforté, au lieu de cet examen pessimiste de la situation, propre à refouler les quelconques porteurs de manuscrits. Il est trop évident que si vous-même ne croyez pas en moi, il vous est difficile de penser que le public y croira [...]". [Grasset qui avait publié, l'année précédente, L'Oeuf de Colomb, publiera néanmoins, en 1957, Aorasie].
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