Jean-Jacques Gautier applaudit la reprise de Port-Royal de Montherlant.
Jean-Jacques Gautier (Essômes-sur-Marne, 1908/1986)Manuscrit (brouillon avec nombreuses corrections) de l'article de Jean-Jacques Gautier paru dans le Figaro sur la reprise de Port-Royal de Montherlant [la pièce, créée en décembre 1954 à la Comédie française, est reprise dans cette même salle en novembre 1965]. «Je viens d'éprouver une grande joie à goûter, après onze années, la dignité et la force de cette pièce classique évoquant quelques-uns des sursauts les plus douloureux de la lutte pathétique entre les pouvoirs souverains de l'Eglise et de l'Etat royal - lesquels ne pouvaient tolérer la liberté, la pûreté, la roideur d'une désobéïssance - et cette petite communauté pétrie de passion qui leur résistait avec une opiniâtreté suspecte [...]». J.-J. Gautier évoque la force de la pièce, l'enthousiasme et le «silence vrai» du public, le style et la construction de la pièce, le génie de Montherlant, les personnages et les acteurs qui les incarnent. «Enfin sur les murs nus de Port-Royal se détachent quelques portaits profonds. Entre autres, celui de la petite soeur Marie-Françoise de l'Eucharistie et celui de la Soeur Angélique de Saint-Jean [...]. Noyée d'effroi, labourée de craintes, criant sourdement ses angoisses, toute assaillie de doutes secrets, ravagée par ses démons, dans la lumière insoutenable du milieu du jour au plein coeur de l'été, escarpée et vulnérable, éprise d'ordre, aimant durement, corsetée d'orgueil mais lacérée, telle est la Soeur Angélique, telle est son interprète Annie Ducaux qui a eu, avec un rare bonheur, la force contenue, l'ironie cinglante, la hauteur, la rigueur et la souffrance, la véhémence étouffée de l'héroïne [...]».
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